« Si la guérison est miraculeuse, ce n’est pas à moi de le dire. Je suis médecin, j’atteste seulement d’une rémission spontanée d’une maladie grave », explique le Dr de Franciscis, pour qui cette pratique est unique. Le Bureau des constatations médicales a été créé en 1883 par le Dr Georges-Fernand Dunot de Saint-Maclou à la demande du Père Rémi Sempé, premier Recteur du Sanctuaire de Lourdes. Le Dr Georges-Fernand Dunot de Saint-Maclou en a posé les bases afin qu’aucun visiteur ne reparte en se déclarant « guéri » sans que son histoire n’ait été soumise à une vérification médicale rigoureuse et collégiale. Le Dr Alessandro de Franciscis, originaire de Naples, ancien pédiatre agrégé et professeur à la faculté de médecine de Naples, dirige ce bureau depuis 2008, après avoir été invité à assumer cette fonction par l’archevêque de Lourdes.
Une méthodologie rigoureuse
Pour déclarer une guérison inexpliquée, sept critères stricts sont pris en compte, rapporte le Dr de Franciscis qui en a validé quatre durant son mandat. Le médecin doit vérifier que la personne était atteinte d’une maladie grave appuyée par un diagnostic précis et assortie d’un pronostic défavorable, et que la guérison est inattendue, instantanée, complète, durable et sans explication scientifique. « Je commence par écouter l’histoire du patient. Je vérifie si les sept critères sont respectés, et demande les examens nécessaires. Les cas les plus courants concernent des cancers », précise le Dr de Franciscis.
Dans certains cas, des examens complémentaires et des expertises psychiatriques ou neurologiques sont requis. Une première commission, composée d’une vingtaine de médecins non permanents, présents à ce moment à Lourdes, examine le dossier. Puis il est examiné par le Comité médical international de Lourdes. Cette instance est la cour d’appel, constituée d’une trentaine de membres fixes pour la plupart spécialistes internationaux, analyse à nouveau le cas pour chercher d’éventuelles failles. Une enquête approfondie se poursuit parallèlement avec un suivi régulier de l’état du patient. « Il n’est jamais évident d’arriver à la clôture d’un dossier. Pour le 70e cas de guérison inexpliquée, le diagnostic a été rapide : 10 ans seulement entre la guérison et la reconnaissance par l’évêque », raconte le Dr de Franciscis.
70 guérisons en 150 ans
À ce jour, 70 guérisons inexpliquées ont été officiellement reconnues en 150 ans. Le bureau reçoit chaque année une centaine de déclarations, tout en remarquant que ce chiffre a baissé pendant la pandémie de Covid-19. Cependant, les miracles ne répondent pas à une logique de probabilité : après une longue période sans événement marquant, 40 guérisons ont été recensées après la Seconde guerre mondiale.
La dernière miraculée, sœur Bernadette Moriau, atteinte depuis 40 ans d’un syndrome de la queue-de-cheval, incontinente et sous morphine depuis 20 ans, a vécu une transformation spectaculaire. « Ce matin-là, elle se rend, malade, à Lourdes. À midi elle rejoint ses sœurs religieuses. Elle raconte avoir entendu une voix lui disant : “Lève-toi et débranche les appareils”. De retour chez elle, elle détache ses appareils, se lève sans douleur, va aux toilettes et ne reprend pas de morphine. Ce soir-là, elle était totalement rétablie », raconte le médecin.
Fasciné par Lourdes dès son plus jeune âge, le Dr de Franciscis a toujours eu à cœur de mener sa mission avec rigueur. « Je suis arrivé en tant que brancardier, hospitalier et bénévole pour les pèlerinages en 1973. C’est devenu une passion profonde. J’y allais deux fois par an pour m’occuper des malades et des personnes handicapées. C’est à Lourdes que j’ai décidé de devenir médecin », se souvient-il.
Quand science et religion se mêlent
Pour cet universitaire, science et religion ne s’opposent pas. « La religion chrétienne catholique consiste à chercher continuellement la vérité, et les sciences sont un moyen systématique de la découvrir. Les miracles de Lourdes s’appuient sur des réalités scientifiques : la personne miraculée était auparavant réellement malade. »
L’équipe du Bureau des constatations médicales publie régulièrement sur PubMed. « La force de Lourdes réside dans cette méthode unique au monde, toutes religions confondues : établie sur une relation saine et respectueuse entre science et foi. Nous sommes face à des maladies graves, guéries de manière inexpliquée. Pour un pasteur, ce sera un miracle, le doigt de Dieu. Pour un agnostique, ce sera une cause encore inconnue », conclut le Dr Alessandro de Franciscis. Ce dernier prend sa retraite à la fin de l’année afin d’assurer d’autres fonctions en Italie, à condition de trouver un successeur.
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