A l'occasion de la journée mondiale de la maladie d'Alzheimer du 21 septembre, le BEH consacre l'ensemble de son édition de ce jour à cette démence.
Premier fait marquant, plusieurs études menées dans plusieurs pays d’Europe et aux États-Unis ont montré que la fréquence des démences a tendance à diminuer même si les résultats ne sont pas toujours statistiquement significatifs, selon le BEH. Deuxième élément essentiel, des travaux démontrent que l’existence de difficultés dans la vie quotidienne pourraient être utilisés comme élément prédictif d'une démence à venir.
Dans le futur : plus de personnes âgées mais moins de gâteux ?
Des études récentes menées dans le monde remettent en question l'hypothèse de stabilité des démences au cours du temps.
Cette tendance à la baisse a été constatée dans plusieurs cohortes en Europe. En France, un comparatif de données provenant de 2 cohortes a mis en évidence une diminution significative de la maladie entre 1990 et 2000. Cependant, il est difficile de savoir s’il s'agit d’une baisse réelle ou d’un décalage de survenue des démences. Des travaux plus récents sur des agriculteurs montraient aussi une diminution de la prévalence entre 2008 (14,8 %) et 1 998 (23,8 %). Enfin, outre Atlantique, une nouvelle étude réalisée sur la cohorte Framingham souligne également une décroissance significative de la démence. Ces résultats reposant sur un total de plus de 5 000 participants âgés de 60 et plus révèlent une hausse de l’âge moyen de la survenue de la pathologie et une diminution en moyenne de 20 % de l’incidence par décennie. Les scientifiques ont alors noté que cette décroissance était visible chez les personnes ayant un haut niveau d’étude.
En effet, l’amélioration du niveau d’éducation et de l’hygiène de vie est souvent citée parmi les facteurs pouvant expliquer cette baisse. Une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires notamment via les traitements hypertenseurs a pu aussi jouer un rôle.
Mais si les chiffres évoquent une diminution de l’incidence de la maladie, le nombre de personnes âgées, lui, continue d’augmenter. Des projections prenant en compte ces nouvelles tendances sont importantes pour prévoir le nombre de futurs malades et pouvoir efficacement les prendre en charge.
Un test pour dépister les futurs déments ?
En effet, plusieurs études ont mis en évidence une très longue phase prédémentielle au cours de laquelle de premières manifestations cognitives peuvent survenir jusqu’à 10 ans avant que l’on diagnostique la maladie. Les chercheurs émettent donc l’hypothèse que ces déficits précoces ont un impact fonctionnel et qu’ils pourraient être observés et ainsi constituer un prédicateur simple de la démence.
En France, les travaux sur les manifestations fonctionnelles précoces reposent presque exclusivement sur la cohorte Paquid au cours de laquelle 3 777 participants âgés de plus de 65 ans ont été tirés au sort et ont été suivis pendant 27 ans. Les spécialistes ont noté que l’affaiblissement de certaines capacités cognitives va engendrer des difficultés à réaliser certaines tâches. Quatre atteintes significatives dans les activités domestiques du quotidien ou IADL ont été identifiées comme étant particulièrement digne d’intérêt : le fait de téléphoner, de prendre des transports, de maîtriser son budget ou la prise de médicament. Un score allant de 0 à 4 selon le nombre d’activité touchées a été proposé.
Plusieurs articles ont démontré les performances prédictives de ce score depuis. Cette méthode a pour avantage d’être simple et rapide. Elle ne nécessite pas de compétences particulières, ni d’examens coûteux. En revanche, il n’est pas aussi efficace selon la population testée. Si chez les hommes, la dépendance aux IADL était bien liée à la démence, ce n’est pas le cas chez les femmes. De même, chez les personnes avec un niveau d’études supérieures au CEP aucune relation n’a été trouvée entre la dépendance aux 4 IADL et l’arrivée de la pathologie.
Si ces travaux montrent que des signes avant-coureurs fonctionnels seraient visibles plusieurs années avant le stade de démence et qu’ils pourraient permettre un suivi des individus chez qui l’évolution pourrait être défavorable, les recherches doivent se poursuivre pour améliorer les capacités prédictives de ce type d’outil.
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