Spécificité française, la prophylaxie préexposition (PrEP) à la demande, pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, commence aussi à être utilisée dans d’autres pays européens, comme la Grande-Bretagne ou les Pays Bas. Cette stratégie, qui consiste à prendre 2 comprimés dans les heures précédant le rapport, puis 1 comprimé 24 h et 48 h après, a démontré sa grande efficacité dans l’essai ANRS Ipergay (NEJM 2015), avec une efficacité de 86% (2 contaminations dans le groupe traité, chez des personnes qui avaient arrêté la PrEP, contre 14 dans le groupe sous placebo).
Ces bons résultats, équivalents à ceux de la PrEP quotidienne, s’appliquent-ils aussi aux hommes ayant des rapports sexuels espacés ou sont-ils liés à la prise fréquente de Truvada, qui reviendraient quasiment à une prophylaxie quotidienne. Le Dr Guillemette Antoni (Inserm, SC10-US19) a révélé durant le congrès IAS qui réunit au ces jours ci à Paris tous les grands spécialistes internaux du VIH, les résultats d’une sous-étude d’Ipergay n’incluant que les périodes où les hommes avaient des rapports sexuels peu fréquents (prise médiane de 9,5 comprimés par mois pour une médiane de 5 rapports par mois). Six contaminations se sont produites, toutes dans le groupe placebo.
Des résultats performants en vie réelle …
Les résultats sont-ils aussi bons en vie courante ? Un poster présentant l’expérience française au cours de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada dans la PrEP, a recensé plus de 3 000 personnes qui ont pris une PrEP dans le cadre de cette RTU. Parmi eux, 57 % ont choisi la PrEP à la demande. Quatre séroconversions ont été identifiées sur les 3000 personnes traitées. Mais 2 s’étaient produites avant le début du traitement et les 2 autres concernaient des personnes qui avaient cessé de prendre la PrEP.
… A condition d’une observance sans faille
Enfin les résultats du prolongement de l’étude Ipergay ont été publiés le 24 juillet dans Lancet HIV. L’efficacité de la PrEP à la demande est estimée à 97 % dans cette étude ouverte sur 362 volontaires : une séroconversion s’est produite, chez un participant qui avait arrêté le traitement. Ces données confirment une fois de plus l’importance de l’observance. C’est ce risque d’inefficacité en cas d’oubli qui semblent expliquer que de nombreux pays ne recommandent que la PrEP quotidienne. « La demi-vie du Truvada est assez longue et les personnes contaminées sous PrEP à la demande n’avaient pas pris de traitement depuis plusieurs semaines, a remarqué le Pr Jean-Michel Molina (hôpital Saint-Louis) promoteur d’Ipergay et fervent défenseur de la PrEP à la demande, en insistant sur l’importance de proposer différentes options pour favoriser la prévention.
La PrEP favorise le suivi des sujets à très haut risque
Il est important de rappeler, à ce propos, que la PrEP quotidienne est la seule dont l’efficacité est démontrée chez les femmes et les hétérosexuels. Pour le Pr Molina, la PrEP, qu’elle soit intermittente ou quotidienne, a l’intérêt de fidéliser les personnes à très haut risque puisque la prescription impose des consultations tous les 3 mois. « Elle permet un dépistage régulier. Malheureusement, même dans la communauté gay à Paris certains ne connaissent pas la PrEP. Il faut lever le scepticisme ».
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