Le congrès de l’European?League Against Rheumatism (EULAR) – autrement dit la Ligue Européenne Contre le Rhumatisme – vient de se tenir à Paris. Ce qui est, en soi, un événement pour la communauté?rhumatologique puisque cette organisation représente les patients, les professionnels de santé et les sociétés savantes de toutes les nations européennes. Les principaux objectifs de l’EULAR sont d’améliorer les traitements, la prévention et la prise en charge des maladies de l’appareil locomoteur, dans l’optique d’harmoniser les pratiques dans les différents pays européens.
Fibromyalgies : qu’est ce qui marche vraiment ?
Une des communications du congrès a fait le point sur les traitements actuels de la fibromyalgie. Au cours des deux derniers siècles, la tendance la plus fréquente a été de considérer la fibromyalgie comme « psychologique » sinon « purement imaginaire ». C’est cependant en 1987, après les études de Smythe et Moldorsky (1977) et de Campbell et coll. (1983), que l’Association médicale américaine en vint à considérer la fibromyalgie comme une « vraie » maladie. Wolfe et coll., en 1990, publièrent des critères précis de diagnostic.
Deux ans plus tard, l’Organisation Mondiale de la Santé accepta officiellement les critères de Wolfe et coll. (dans la déclaration de Copenhague). En France, le père de la reconnaissance de cette maladie trop fréquemment méconnue fut le Pr Marcel Francis Kahn. En 2006, neuf recommandations ont été proposées par le groupe d’experts de l’EULAR dirigé par le professeur E. Choy. Chaque expert était chargé de la diffusion de ces recommandations dans son pays, dont le Pr Serge Perrot en France. Les thérapies alternatives représentaient à l’époque, d’après cet expert, compte tenu de « l’absence d’efficacité des techniques et traitements dits traditionnels » « une option qui devrait être prise en compte et, si possible, contrôlée par les médecins plutôt que rejetée ».
En 2014, les méta-analyses sur le sujet, détaillées par W. Haüser de l’université de Munich, montrent que les « anciens médicaments » comme l’amitriptyline ou la fluoxétine n’ont pas une action différente des « nouvelles molécules » telles que la duloxetine, le milnacipran et la prégabaline en termes de réduction de symptômes et de tolérance.
Ces médicaments ont été approuvés par la Food and Drug Administration (FDA), mais n’ont pas, en général, d’AMM en France pour les fibromyalgies. Autres résultat des méta-analyses : les effets de ces traitements étaient comparables à court terme à ceux d’une thérapie comportementale ou de séances d’aérobic. W. Haüser pointe qu’il est difficile à long terme de prédire quels seront les patients répondeurs aux traitements. Ce qui pose le problème de savoir à qui prescrire le bon médicament. Une aide à la prescription est apportée par des recommandations récentes israéliennes, allemandes et canadiennes, qui ont insisté sur la nécessité d’un traitement gradué des fibromyalgies en fonction de leur sévérité.
Selon ces préconisations, les patients porteurs d’une fibromyalgie légère ne nécessitent pas de traitement spécifique. Dans les fibromyalgies sévères, les traitements médicamenteux ne doivent pas avoir seulement une visée antalgique, mais doivent être adaptés aux symptômes présentés. La duloxetine serait, dans cette optique, indiquée chez les patients ayant une comorbidité dépressive majeure, et l’amitriptyline ou la pregabaline en cas de troubles du sommeil sévères. A noter, enfin, au registre des thérapeutiques alternatives, qu’une récente étude a mis en évidence l’efficacité à long terme sur les fibromyalgies d’une approche thérapeutique combinant des séances d’aérobic et des séances de thérapies comportementales.
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation
Manger du poisson ralentit la progression de la sclérose en plaques