Face à l’épidemie d’Ebola qui sévit en Afrique, la France a décidé de renforcer son dispositif d'alerte notamment par la mise en place à partir de samedi de contrôles aéroportuaires à Roissy sur le vol direct quotidien d'Air France en provenance de Guinée Conakry. Des équipes médicales vérifieront la température de tous les passagers avec des thermomètres laser sur la passerelle, avant l'entrée dans l'aéroport. Ils recevront en outre des questionnaires de traçabilité destinés à permettre de les retrouver en cas de besoin.
En visite ce vendredi à Roissy, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré que le contrôle de la température était «une sécurité supplémentaire pour resserrer les mailles du filet». Le dépistage sera uniquement mis en place sur ce vol, seule liaison directe entre la France et l'un des pays touchés par l'épidémie d'Ebola. Aucun contrôle n'est prévu pour l'instant sur les passagers venant de pays à risques ayant effectué des correspondances. Les contrôles thermiques ne seront de toutes façons pas suffisants pour écarter tout risque. «Il n'y a pas de solution miracle, il faut multiplier les mesures», a reconnu Marisol Touraine.Le Premier ministre Manuel Valls a désigné le Pr Jean-François Delfraissy (photo), directeur de l'ANRS (l'Agence nationale de recherche sur le SIDA et les hépatites virales) et chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre), comme «coordinateur de l'ensemble des opérations internationales et nationales de réponse à cette crise».
Le renforcement de l'arsenal français de lutte et de prévention du virus survient au lendemain d'une nouvelle alerte en France, suscitée par l'admission pour une «fièvre suspecte» de l'infirmière qui avait soigné la volontaire de MSF, à l'hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé, près de Paris. Les premiers tests, réalisés jeudi à partir de prélèvements sanguins, se sont révélés «négatifs», selon une source proche du dossier. D'autres tests ont pu être réalisés pour exclure définitivement l'infection par Ebola chez cette soignante, évacuée jeudi à la mi-journée de son domicile à Puteaux (Hauts-de-Seine), avec un important dispositif de sécurité. Mais aucune information n'était disponible vendredi après-midi à propos du résultat de ces éventuels nouveaux tests. Marisol Touraine a répété à plusieurs reprises qu'elle ne donnerait aucun détail sur les cas suspects pour ne pas «entrer dans une alimentation de l'inquiétude, de l'anxiété». Elle s'est engagée à «informer immédiatement la population» lorsqu'il y aura «un cas avéré» d'Ebola en France.
Malgré le ton rassurant des autorités, l'inquiétude grandissait parmi le personnel soignant, après la contamination d'une aide-soignante en Espagne et de deux infirmières aux Etats-Unis qui avaient traité dans leur pays des malades d'Ebola, atteints en Afrique. «Peut-être faut-il revoir les protocoles de soins, (...). Jusqu'à présent, on nous a affirmé que les matériels et procédures pour éviter les contaminations étaient bons», a commenté Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). «Les infirmières ne peuvent pas rester en première ligne sans savoir. Les soignants sont trop exposés», a-t-il encore estimé dans Le Parisien.
Signe de la psychose grandissante, l'ambassade de la République du Congo à Paris a informé vendredi s'être vu refuser une location en raison de «l'épidémie d'Ebola», alors même que ce pays n'a enregistré aucun mort dans l'épidémie actuelle qui touche surtout l'Afrique de l'Ouest. Le virus Ebola a déjà fait 4 493 morts sur 8 997 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis), selon le dernier bilan de l'OMS.
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