Après de timides incursions de la santé dans le premier débat, ce fut dimanche soir, le seul sujet de santé abordé par les candidats des primaires de la gauche… Et sur cette question de société, les candidats ont affiché de francs désaccords. Manuel Valls a évidemment rejoué le registre de la fermeté, redisant son opposition à la dépénalisation du cannabis. Lors du deuxième débat télévisé de la primaire initiée par le PS, sur BFMTV/iTELE/RMC, l'ancien Premier ministre a avancé un argument supplémentaire pour s'opposer à toute évolution législative : "Nous connaissons l'effet du cannabis sur les plus jeunes, dès le collège. Si vous légalisez le cannabis, vous aurez un cannabis plus dur, coupé autrement, qui alimentera d'autres trafics, et donc de toute façon les trafics vont continuer, ce sera encore plus difficile en matière de santé publique", a-t-il prévenu. Et de conclure, sans sourciller : "Quand on veut gouverner, quand on veut présider un pays, il faut aussi s'adresser à son pays, à ses compatriotes, à sa jeunesse en disant : il y a des interdits et donc je ne suis pas d'accord, ni avec la légalisation, ni avec la dépénalisation".
A priori, Arnaud Montebourg est lui aussi contre l'idée de dépénaliser : "J'ai quelques réticences au regard des exigences de santé publique, regardez les milliards qu'on engloutit pour convaincre les gens de cesser de fumer ou de se livrer à l'addiction de l'alcool", a-t-il fait valoir. "Si à chaque fois que les pouvoirs publics sont submergés, il faut autoriser, jusqu'où irons-nous ? ", insiste-t-il. Mais il n'a visiblement pas l'intention de faire de ce thème le fer de lance de sa campagne, préférant renvoyer la résolution du problème à une conférence de consensus.
"Si je suis élu président de la République, j'ouvrirai sérieusement ce débat qui mérite une grande conférence nationale", a aussi proposé Vincent Peillon, sur une ligne plus ouverte mais prudente, alors qu'il fut l'un des premiers au gouvernement à ouvrir ce débat.
Sur le sujet, Sylvia Pinel choisit aussi une voix médiane : la candidate PRG défend la dépénalisation, qui permettrait de "redéployer les forces de l'ordre sur d'autres missions" notamment les autres trafics de stupéfiants ou "la lutte contre le terrorisme".
Dans la mouvance PS, il y a aussi ceux qui prônent la légalisation du joint, qu'elle soit à vocation récréative ou thérapeutique. Pour défendre la légalisation, Benoît Hamon développe tout un argumentaire. Le candidat fait valoir que "la prohibition n'a jamais été aussi inefficace", proposant de consacrer "535 millions d'euros à la lutte contre les addictions plutôt qu'à la prohibition".
Sur le même registre, Jean-Luc Bennahmias se montre plus militant. Il est le seul des sept à admettre sans fard avoir déjà consommé un joint. Il rappelle aussi que "plusieurs milliers de nos concitoyens" font aussi du cannabis un usage thérapeutique. Et il fustige "40 ans d'hypocrisie" depuis la loi de 1970. Se montrant favorable à une "légalisation contrôlée", il s'impatiente que la France soit "le seul pays à ne pas réussir à en débattre…"
Quoique proche de ce positionnement, François de Rugy, plus sobre dans le ton, entend quand même donner des gages à ceux qui s'inquiéteraient d'une dérive sans retour : il propose ainsi d'"expérimenter une légalisation de l'usage et de la commercialisation", mais avec un cadre législatif temporaire pour cinq ans.
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