Le "Oui... mais" du CNGE au dépistage organisé du cancer du col utérin

Publié le 06/09/2017
frottis

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Rien n’a encore commencé, mais en prévision de la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus dont le coup d’envoi est prévu début 2018 selon le calendrier du plan cancer 2014-2019, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) met en garde sur « l’existence des risques liés au dépistage et au surtraitement potentiellement induit », tout en approuvant « la mise en place du dépistage organisé, afin de réduire l’incidence du cancer du col et le nombre de décès qu’il provoque ».

Pour argumenter sa position, le Collège, comme à son habitude, développe un argumentaire rappelant que des études observationnelles ont bien montré une diminution de l’incidence (- 2,5 % par an) et de la mortalité (- 3,2 % par an) de ce cancer en France, entre 1980 et 2012. Mais pondère aussitôt l’amélioration attendue par le fait qu’ « en l’absence d’essai randomisé comparatif mené en France ou en Europe, l’imputabilité de cette diminution au seul dépistage n’est pas démontrée. »

Trop de frottis exposent 41 % des femmes au surdiagnostic

Par ailleurs, le dépistage du cancer du col par FCU avant 25 ans, ou à un rythme supérieur à la fréquence triennale recommandée, expose à un surdépistage qui, selon les généralistes enseignants, « concernerait 41 % des femmes ciblées » et parfois à un surtraitement responsable de gestes invasifs ou de chirurgie « inutiles » sur des lésions parfois potentiellement régressives.

Toujours très soucieux du droit des malades, le CNGE recommande que tous les supports invitant au dépistage soient des outils aidant à la « décision partagée entre patientes et professionnels afin de discuter des bénéfices et des risques du dépistage », véritable leitmotiv de cette société savante.

Mais aussi, que l’évaluation du dépistage organisé « comporte la mesure d’autres indicateurs que le taux de couverture (effets sur l’incidence, la morbidité et la mortalité, effets indésirables du dépistage, qualité de vie des patientes) » et que sa mise en place soit « accompagnée d’un encadrement du dépistage individuel afin de réellement limiter le surdépistage et le surtraitement. »

En mars dernier, la Société française de colposcopie lors des 13es Journées européennes de la Société française de gynécologie alertait sur le fait que chaque année, 25 000 conisations sont réalisées dont un tiers pour des lésions de bas grade qui auraient du bénéficier d’une simple surveillance car la plupart sont spontanément régressives. Et sur les 3 000 hystérectomies pratiquées pour des lésions cervicales, 1 700 auraient pu bénéficier de gestes conservateurs en raison de leur caractère non invasif. 


Source : lequotidiendumedecin.fr