Les Français connaissent bien les cancers du sang (près de 9 Français sur 10) et les redoutent. Mais ils ne savent pas les différencier. Pris individuellement et considérés par sous type histologique, les cancers du sang représentent près de 7 % de l’ensemble des cancers et 10 % des nouveaux cas de cancer chaque année. Ils sont le 5e cancer en termes de fréquence derrière le cancer de la prostate, du sein, du colon et du poumon. Trois causes principales semblent expliquer à des degrés variables l’augmentation du nombre de cas d’hémopathies malignes ces dernières années : une amélioration du diagnostic, un vieillissement de la population et de possibles expositions à des facteurs de risque environnementaux tels que les radiations ionisantes, l’exposition aux pesticides, les traitements cytotoxiques ou certains virus qui restent en grande partie à déterminer.
Santé publique
Les cancers du sang sont des cancers qui touchent les cellules du sang et les tissus ou organes qui les fabriquent. Ils sont liés à la moelle osseuse, siège de la fabrication permanente des globules rouges, globules blancs, des plaquettes et des lymphocytes à partir de cellules souches ; au système lymphatique constitué de vaisseaux qui entourent les veines et les artères et transportent la lymphe où résident les globules blancs appelés lymphocytes. La cancérisation touche les cellules souches sanguines. On distingue donc les hémopathies malignes lymphoïdes, qui touchent les cellules de la lignée lymphoïde, et les hémopathies malignes myéloïdes, qui touchent les cellules de la lignée myéloïde.
Délétions, mutations et translocations
Dans un contexte physiologique normal, l’organisme régule en permanence un équilibre entre la mort cellulaire de l’ensemble des cellules, naturellement programmée, dite apoptose, et leur capacité à survivre voire à se multiplier. L’apoptose permet d’éliminer toute cellule présentant des anomalies notamment chromosomiques dès lors qu’elle représente une menace grave pour la santé. Elle est déclenchée par des signaux moléculaires ou l’intervention de cellules saines, en particulier des lymphocytes. La transformation d’une cellule souche dans la moelle osseuse en cellule cancéreuse est très souvent liée à une évolution anormale de la structure d’un ou plusieurs chromosomes : perte d’une partie d’un chromosome appelée délétion, ou échange d’une partie entre deux chromosomes appelés translocation chromosomique, aboutissant à une aberration chromosomique qui entrave gravement le bon fonctionnement cellulaire. Les gènes défectueux peuvent alors donner lieu à des protéines anormales qui entravent à leur tour l’expression des gènes sains susceptibles de s’opposer à une multiplication anarchique des cellules. Associée à une défaillance du phénomène d’apoptose, cette multiplication est à la base du processus physiopathologique de la plupart des cancers du sang.
Progrès
Une des voies d’avenir, sur laquelle travaillent déjà de nombreuses structures de recherche et de laboratoires consiste à réparer et promouvoir les systèmes naturels de défense perturbés par ce dérèglement génétique.
Parallèlement, l’essor des thérapies ciblées capables de cibler de façon très spécifique l’anomalie diagnostiquée, est venu remplacer les chimiothérapies classiques qui tuent les cellules malignes ou saines sans discernement. Le principe de ces premières thérapies ciblées pour le traitement du cancer consiste à bloquer la protéine anormale (par exemple la tyrosine-kinase) générée par les aberrations chromosomiques décrites ci-dessus. La leucémie myéloïde chronique (LMC) fut la première hémopathie maligne à en bénéficier. Jusque-là constamment mortelle en l’absence d’allogreffe, cette leucémie est devenue, grâce à ce traitement, une maladie « chronique » avec des taux de survie de plus de 90 %. À la fin des années quatre-vingt-dix d’autres anticorps monoclonaux ont été développés et ont permis des avancées remarquables dans les lymphomes de type B et dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC) pour les nombreux patients en rechute ou réfractaires aux traitements. La médiane de survie globale s’échelonne de 18 mois à plus de 10 ans en fonction du stade de la maladie. La LLC est également considérée aujourd’hui comme une maladie « chronique ». De plus, un certain nombre de nouveaux traitements prometteurs sont actuellement à l’étude. Récemment un nouvel inhibiteur de la tyrosine-kinase a vu le jour. Petite molécule administrée par voie orale, elle est efficace dans le traitement du lymphome à grandes cellules B diffuses et les lymphomes du manteau (LCM). L’immunothérapie, une autre approche des traitements des cancers du sang, consiste à utiliser les propres cellules immunitaires du patient en les reprogrammant afin d’aider l’organisme à se défendre et combattre la maladie avec ses propres armes en optimisant, voire réhabilitant, leur capacité à repérer et détruire les cellules cancéreuses. Enfin, d’autres voies de recherche sont explorées contre les lymphomes et la LLC tels que le déclenchement de l’apoptose des cellules tumorales en ciblant des protéines spécifiques pro-apoptotiques ou l’amarrage d’un anticorps monoclonal à une molécule toxique ou radioactive qui tue de façon ciblée et élective les cellules porteuses à la surface de l’antigène témoin de leur malignité.
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