Il faut sauvegarder la production de médicaments dans l’Hexagone. L’exhortation n’est pas lancée par un industriel mais dans un rapport réalisé par Alcimed. Il a certes été commandé par le Leem, mais aussi par le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (Pipame).
Producteur pour tiers de médicaments
Au cours des dernières années, le mode de production s’est transformé en profondeur. Cette activité a été cédée par de nombreux laboratoires qui concentrent leurs efforts sur le développement et la mise sur le marché de nouveaux médicaments. Depuis 2009, une quinzaine de sites de production ont été repris par des producteurs pour tiers de médicaments, selon la dénomination officielle. Or ce nouveau modèle s’inscrit dans un environnement concurrentiel de plus en plus exacerbé par les pays asiatiques et de l’Europe de l’Est, notamment en Pologne et en République tchèque qui se sont lancées dans une guerre des prix.
A ce constat s’ajoutent des contraintes réglementaires propres à modifier le jeu normal de la compétition. Elle est d’autant plus féroce que le marché est mondialisé tant « au niveau de la demande que de l’offre », notent les rédacteurs du rapport. Plus de 50 % des sites français exportent plus de 80 % de leur production. Ils se heurtent aux deux leaders du marché, la Chine et l’Inde. Ce dernier pays dispose sur son territoire de plus grands nombres de sites de production approuvés hors Etats-Unis par la Food and drug administration (agence du médicament américaine).
Hausse des ventes de 5 %
En réponse, la France a dû monter en gamme. Une offre de service a également été proposée de type développement clinique, appui réglementaire. Cette stratégie s’est traduite par une croissance des ventes de plus de 5 % ces deux dernières années pour la moitié des sites de production. Résultat, la France est classée parmi les leaders sur les formes solides orales et les unidoses. Elle permet de fidéliser les clients en amont. Pour autant, cette forte augmentation de la productivité ne s’est pas accompagnée d’une hausse des effectifs. Enfin, cette position est loin d’être définitivement acquise. Elle est attaquée par les voisins européens et les Etats-Unis. Comment y répondre alors que trois points de faiblesse ont été repérés par les rédacteurs du rapport ? En premier lieu, l’Hexagone accuse un réel retard comparé à l’Allemagne et la Suisse en capacité de production en biotechnologie. Ensuite, les Français ne sont pas assez présents sur le marché chinois.
Risque pour les fabricants de DM
Dernier point, les dispositifs réglementaires très contraignants limitent les investissements. Les petits producteurs dont les effectifs sont inférieurs à 500 salariés sont particulièrement exposés à ce risque. Afin de préserver les productions existantes, les auteurs du rapport appellent à aligner les normes environnementales au niveau de ses voisins européens. Les contrôles sur la qualité des médicaments et principes actifs à l’international devraient être renforcés. Quant au CEPS (Comité économique des produits de santé), il lui est demandé d’intégrer les contraintes industrielles dans la révision des prix. Au-delà de l’existant, l’enjeu est aussi de capter des nouvelles productions. Les génériques constituent un segment porteur. L’adaptation juridique dans ce domaine, notamment la réalisation d’essais avant la fin de l’expiration de brevets relève d’une importance stratégique.
Exportation encore insuffisante
L’exportation encore insuffisante est un autre relais de croissance. Elle repose sur l’amplification des programmes d’accompagnement et la mise en place des « offres vitrines ». Enfin, l’intégration des compétences couvrant toute la chaîne de production permettrait de répondre aux attentes des laboratoires. En tout état de cause, la prise de conscience s’est opérée. Le prochain gouvernement mettra-t-il en application ces recommandations ?
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