Raphaël Pitti est-il un descendant improbable de Don Quichotte et de Bernard Kouchner ? Ou faut-il être un ancien médecin militaire pour avoir le courage de s'engager encore ? Et de brandir l'étendard de l'humanisme afin d’accueillir avec dignité les migrants ? Il s’indigne seul ou presque lorsque des avions bombardent en connaissance de cause des hôpitaux en Syrie. Cela n'a pas suffi à (r)éveiller les consciences ici et ailleurs. « J'ai fait une tournée dans les universités américaines et canadiennes. Les amphis étaient vides. J'ai alerté le conseil de l'ordre des médecins, appelé les prix Nobel. Rien, rien rien », lâche Raphaël Pitti. Ce silence de plomb, ces naufrages à répétition auraient découragé vous et moi mais sûrement pas Raphaël Pitti. Cette résistance à l'échec s'est peut-être nourrie de l'expérience acquise au sein des commandos. Non seulement le jeune médecin, originaire d'Oran, qui a connu la fin de l'Algérie française et les horreurs de l'OAS, choisit l'armée. Mais il opte pour le saint du saint du saint, les commandos. « Le but de cette formation nous conduit à mobiliser notre violence interne, à être en capacité de tuer. Cela donne aussi un grand sentiment de confiance en soi. J’ai eu ensuite un grand mal à maîtriser cette violence. » C'est entendu, le prêcheur inlassable des horreurs commises en Syrie n'a donc rien d'un saint. Il est capable un jour de s'en prendre physiquement à un interne qui préfère son intérêt personnel aux exigences du service. Lui l'enfant qui s'est élevé seul en grande partie n'est pas souvent présent en famille de par ses engagements extérieurs à Djibouti ou dans le Golfe. Le professeur en médecine de catastrophe a peut-être aussi à se faire pardonner. Changer de vie ? C 'est au cours de cette drôle de guerre du golfe « où je n'avais strictement rien à faire pendant six mois » que Raphaël Pitti trouve son chemin de Damas en plein désert, une nuit. «J'étais comme un lion en cage. Nous manquions de tout. On avait froid. J'ai compris que tout était faux dans ma vie. » Cette nuit particulière est la dernière avant l'attaque éventuelle des Irakiens. « Je me raccroche à la vie, viennent les pourquoi, vient la désespérance et vient la prière : Seigneur, aide-moi », écrit-t-il dans son livre*. C'est le début d'une autre vie. Après avoir rendu sa Légion d'honneur en raison de la politique migratoire menée par ce gouvernement, le missionnaire d'une certaine humanité s'engage en politique avec Place publique. Il serait prêt demain à briguer la mairie de Metz. Pour gagner cette fois-ci et redonner aux french doctor leur faculté d'indignation ?
Va où l'humanité te porte, un médecin dans la guerre, éditions Tallandier, 304 pages, 18,50 euros.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation