Le Collège de la médecine générale (CMG) réitère son soutien au déremboursement des médicaments Anti-Alzheimer. Il publie ce jeudi un communiqué pour argumenter scientifiquement son propos. Cette prise de position intervient après qu'Agnès Buzyn a annoncé son intention de ne plus prendre en charge ces traitements.
En premier lieu, le Collège rappelle les faiblesses méthodologiques des études qui ont conduit à l’octroi des AMM des trois anticholinesérasiques Aricept® (donépézil), Exelon® (rivastigmine), Reminyl® (galantamine) et de l'inhibiteur de la NMDA, Ebixa® (mémantine). L’évaluation de l’efficacité ayant été, selon cette instance de médecine générale, démontrée sur un critère intermédiaire avec une faible taille d’effet ainsi que sur l’absence d’analyse en intention de traiter, les nombreuses sorties d’essais et une durée d’observation limitée à 6 mois.
Il regrette aussi que « près de 20 ans après la commercialisation des anticholinestérasiques, aucune réponse satisfaisante n’a été apportée à des questions, qui demeurent importantes » telles que la durée de vie des patients, l’évolutivité à moyen et long terme de la maladie, le délai de recours à l’institutionnalisation, l'impact sur l’entourage et la prise en charge des soignants et la prescription d’anti-psychotiques.
Bénéfice clinique/risque faible voire nul
Le Collège pointe le rapport bénéfice clinique/risque pour les patients et les soignants de ces médicaments qui demeure faible, voire nul. Il estime ainsi « n’avoir aucun nouvel élément permettant de modifier sa position » et souligne que compte tenu de la limitation des « ressources allouées à notre système de santé, elles doivent être optimisées pour l’amélioration de la santé de notre population ».
Rappelons qu'en novembre 2016 déjà, le Collège s’était ému du décalage qui existait entre la préconisation de la HAS d’un côté, en faveur du déremboursement, et de l’autre, la décision « hasardeuse » de la Ministre de la Santé de l’époque – Marisol Touraine – qui avait maintenu le remboursement de ces médicaments tant qu’aucun parcours de soins ne soit établi pour les malades. À ce jour c’est chose faite puisque la HAS vient de publier un guide parcours en ce sens auquel le CMG a participé.
Le CMG assure qu’il restera « extrêmement vigilant » sur le déploiement des thérapeutiques non médicamenteuses, visant en particulier à mobiliser les capacités cognitives résiduelles du patient et à apporter du soutien aux aidants. Il participera activement, avec les autres acteurs de soins primaires, aux recherches scientifiques indispensables visant à apporter des bénéfices médicaux et psychosociaux aux patients atteints de MAMA et à leur entourage.
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