Fils d’un médecin des hôpitaux de Rouen, Charles Nicolle après avoir hésité à faire des études d’histoire se décide à faire médecine comme son frère aîné Maurice qu’il rejoint sur les bancs de la Faculté de Paris. Après avoir suivi les cours de microbiologie d’Émile Roux et Metchnikoff à l’Institut Pasteur, il obtient son diplôme en 1893 en soutenant une thèse sur le chancre mou.
Revenu à Rouen, il y est nommé professeur suppléant de pathologie et clinique médicale à l'école de médecine dont il devient rapidement chef du laboratoire de bactériologie. Il s’attache à la lutte contre les maladies vénériennes et, parallèlement, crée le premier sanatorium de Haute-Normandie à Oissel.
Son acuité auditive ayant decliné très vite, Nicolle ne peut plus ausculter ses patients et il se tourne définitivement vers les travaux de laboratoire.
Recherches sur le paludisme, le typhus et la leishmaniose
En 1902, il demande et obtient sa nomination à l’Institut Pasteur de Tunis où il initie ses premiers travaux sur le typhus et le paludisme. Il s’intéresse aussi à d’autres maladies tropicales encore peu connues en Europe comme la leishmaniose ou le kala azar. C’est ainsi qu’en 1907, en collaboration avec des médecins tunisiens, il étudie plusieurs cas de splénomégalie infantile méditerranéenne, dont le parasite, étudié par A. Laveran et F. Mesnil, avait été reconnu identique à la Leishmania donovani du kala-azar de l'Inde. Nicolle donne la description clinique de cette nouvelle leishmaniose et établit les éléments de son diagnostic. Il parvient à cultiver la L. donovani dans l'eau de condensation du milieu de Novy et Mc Neal simplifié par lui avant de réussir à transmettre l'infection leishmanienne au singe et au chien. Il démontre ainsi que le chien est bien le réservoir de virus de la maladie méditerranéenne et non l'homme comme pour la maladie indienne.
Avec Charles Comte, il parvient à cultiver en milieu simplifié une autre Leishmania , Leishmania tropica, parasite du Bouton d'Orient. Avec son collègue Sicre, il reproduit expérimentalement cette dermatose sur le singe, puis sur le chien, ce qui l'amène à considérer comme probable l'origine canine de la maladie.
En 1909, l’épidémie de typhus exanthématique qui fait rage à Tunis est l’occasion pour Charles Nicolle de nouvelles découvertes. Il montre ainsi le rôle exclusif du pou dans la transmission de la maladie. En effet, il a noté qu’à l’hôpital Sadiki, le personnel ne contracte jamais le typhus, contrairement aux agents de l'hôpital qui reçoivent les patients et changent leurs vêtements (le règlement imposait aux malades de ne porter que les vêtements de l’hôpital). L’hôpital Sadiki, ancienne caserne, avait un bain maure. Le malade y était rasé et, débarrassé de ses poux, il n’était plus contagieux. À partir de cette constatation, l’équipe conclut que des simples mesures d’hygiène et la suppression du parasite suffisent à assurer la prophylaxie du fléau et à sauver des vies. L’année suivante, il met au point la méthode de protection contre le typhus par les sérums de convalescents.
Grâce à l’application de ses mesures prophylactiques, beaucoup de soldats seront sauvés durant la Première Guerre mondiale d’un fléau courant dans les conflits de longue durée.
Prix Nobel de médecine en 1928
Après avoir co-fondé en 1923 la Ligue internationale contre le trachoma et entrepris un voyage en Grèce avec Georges Duhamel, Nicolle se voit décerner le Prix Nobel de médecine en 1928 pour ses travaux sur le typhus.
Un grand visionnaire
Nicolle dirigera jusqu’à sa mort, en 1936, l’Institut Pasteur de Tunis où il est enterré. Ce grand médecin était aussi un grand visionnaire puisqu’il n’avait pas hésité à affirmer : « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant toute armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous, ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. Ils seront méconnus, confondus avec des maladies déjà existantes et ce n’est qu’après une longue période de tâtonnements que l’on dégagera le nouveau type pathologique du tableau des affections déjà classées. »
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