On sait combien il est important que les patients diabétiques soient correctement suivis. D’ailleurs pour améliorer cette surveillance, de nombreux outils surfant sur les nouvelles technologies sont arrivés sur le marché pour venir en aide aux patients comme aux médecins. Mais si ces objets connectés apportent plus d’informations, de données, et d’analyses avec l’aide d’algorithmes par exemple, ils deviennent du même coup plus intrusifs dans la vie quotidienne du patient.
Un travail international très original conduit dans trente pays, impliquant 1010 patients diabétiques de type 1 et 2 a évalué l’acceptabilité de la surveillance du diabète utilisant ces objets connectés. Cette étude, dont les résultats ont été publiés dans Jama Network Open et Mayo Clinic Proceedings, a été coordonnée par le Centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu AP-HP et d’Université de Paris. Les 360 patients français étaient des participants de ComPaRe (Communauté de patients pour la recherche de l’AP-HP - compare.aphp.fr).
Dans cette étude, les patients diabétiques ont évalué l’acceptabilité de 36 scénarios de surveillance du diabète combinant différents outils connectés et modalités d’utilisations des données recueillies, comprenant : - les capteurs comme ceux permettant la mesure continue de la glycémie, le monitoring de l’activité physique, ceux surveillant l’alimentation via des photographies des assiettes ; - différents timing et durées de surveillance (une semaine avant les consultations, de manière permanente…) et dispositions de rendu des résultats (lors de consultations, en temps réel via le smartphone du patient…) ; - les moyens d’hébergement des données recueillies (service public ou secteur privé). Chaque patient-participant évaluait 3 scénarios, avec leurs multiples offres, tirés au hasard parmi les 36 de départ.
Des options mal acceptées car trop intrusives
Au final, ce sont 2 860 cas de figure différents selon leurs options qui ont été évalués par les participants de l’étude. 39,6 % de ces scénarios ont été considérés comme extrêmement ou très intrusifs, surtout ceux comportant : la surveillance de l’alimentation (via les photos), l’information du médecin personnel des patients ou d’un autre médecin (par opposition avec la seule intervention d’une intelligence artificielle). L’hébergement des données par une entreprise privée était aussi mal accepté.
En revanche, étaient surtout jugés positifs : une surveillance en continu de la glycémie et de l’activité physique, permettant des conseils en temps réel par une intelligence artificielle.
Quels sont les patients les plus favorables ?
Parmi les patients eux-mêmes, l’acceptabilité était meilleure chez les hommes, chez les patients en situation de burn-out vis-à-vis de la prise en charge de leur diabète, et ceux ayant l’habitude d’utiliser ces outils de nouvelles technologies. À noter qu’il y avait une grande hétérogénéité dans l’acceptabilité des participants, indique le communiqué de l'AP-HP.
Au final, 2/3 des patients de cette étude se déclarent favorables à ce type de surveillance « connectée » si elle améliore les résultats pour leur santé. Mais à n'en pas douter, l’acceptabilité des moyens mis en œuvre est un déterminant important à prendre en compte.
En complément : lire notre dossier de FMC sur l'insulinothérapie fonctionnelle.
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