La Haute autorité de santé (HAS) vient de publier les résultats d’une étude sur les erreurs associées aux produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, produits sanguins labiles) déclarées dans la base de retour nationale des « événements indésirables graves associés aux soins » (EIGS). Au total, 256 déclarations ont été analysées à partir des EIGS reçus entre mars 2017 et décembre 2019. Parmi les erreurs les plus courantes, 41 % sont liées à la posologie (surdosage le plus souvent), 31 % aux médicaments proprement dits (confusion entre 2 produits, non prise en compte des interactions...), et 14 % aux patients (problème d’identitovigilance).
Depuis le lancement de ce dispositif en 2017, ces déclarations d’erreurs liées à des produits de santé, transmises aux Agences régionales de santé puis analysées par la HAS, sont en nette progression : « De 112 déclarations reçues de mars 2017 à décembre 2018, la HAS a été destinataire de 224 déclarations pour la seule année 2019 », note la Haute autorité, selon laquelle cette progression démontre une « implication renforcée des professionnels de santé et une meilleure connaissance du dispositif EIGS et de ses finalités ». Ces remontées d’informations proviennent en grande majorité du milieu hospitalier.
Une sous-déclaration des généralistes
Même si le rapport de la HAS note qu'en ville et à domicile le nombre de déclarations augmente, elles restent cependant très peu nombreuses (3 % de l’ensemble des déclarations). Le Collège de médecine générale (CMG) reconnaît qu’il existe une sous-déclaration de ces événements en médecine secteur libéral : « 1,3 % des patients consultant en médecine générale sont victimes d’une erreur médicamenteuse (soit plus d’un patient par semaine pour un médecin généraliste) ». Concernant l’hospitalisation à domicile (HAD), la Haute autorité de santé précise que les erreurs liées aux soins représentent près de 4 % de ces événements en établissement de santé. Or, « les HAD, bien que juridiquement établissements de santé, font intervenir du personnel libéral ».
Pour davantage sensibiliser les praticiens libéraux sur ce sujet, en 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et le CMG avaient mis en place un plan d’action, en particulier de communication. Cette initiative devrait à l’avenir en appeler d’autres, comme le suggère la HAS qui souhaite améliorer la remontée d’informations, grâce entre autres à une plus grande sensibilisation des soignants.
Un usage plus élevé en milieu hospitalier
La grande majorité (81 %) des déclarations d’erreurs liées aux traitements proviennent d’établissements de santé. Ces derniers sont forcément plus exposés à la survenue de tels événements, délivrant de nombreux soins via différents acteurs et modalités, chez des patients vulnérables. Ce secteur a aussi davantage l’habitude de ce type de déclarations, plus faciles à effectuer grâce à un travail collectif, comparé à l’exercice solitaire (ou quasi) de beaucoup de généralistes. Dans le secteur hospitalier, les services les plus concernés sont par ordre décroissant : la médecine, la chirurgie, les soins de suite et de réadaptation, et les urgences. Enfin 16 % des déclarations proviennent de structures médico-sociales, touchant principalement des patients résidant en Ehpad.
Ce rapport de la HAS précise encore que 28 % de ces erreurs sont initiées à l’étape de la prescription (liées à la posologie, ou une erreur de médicament), 65 % ont lieu au moment de l’administration (erreurs de dose, patient, médicament).
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