Alors que l’étude controversée du Lancet ayant pointé l'absence de bénéfice de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 a été retirée jeudi, l’essai randomisé britannique « Recovery » tend à son tour à discréditer cette approche thérapeutique. Portant sur plus de 11 000 patients hospitalisés pour Covid-19, cette étude visait à évaluer l'efficacité de plusieurs traitements contre le Sars-Cov-2, dont l’hydroxychloroquine.
Selon les deux investigateurs principaux de l’étude, les Prs Peter Horby et Martin Landray, les résultats préliminaires rendus publics vendredi « excluent de manière convaincante tout bénéfice significatif de l'hydroxychloroquine sur la mortalité chez les patients hospitalisés pour COVID-19 ».
Au total, 1 542 patients ont été randomisés pour recevoir de l'hydroxychloroquine et 3 132 patients ont été randomisés pour les soins standards. À 28 jours, il n'y avait pas de différence significative entre les deux groupes en termes de mortalité (critère d'évaluation principal) avec un taux de 25,7 % sous hydroxychloroquine versus 23,5 % avec les soins habituels (RR 1,11). Aucun bénéfice n’a été retrouvé non plus sur la durée d’hospitalisation.
Arrêt des inclusions
Ces résultats montrent « qu'il n'y a pas d'effet bénéfique de l'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés pour Covid-19, tranchent les investigateurs. Nous avons donc décidé d'arrêter l'inclusion des participants dans le bras hydroxychloroquine de l'essai Recovery avec effet immédiat ». Les autres bras de l’étude n’ont par contre pas été interrompus.
Alors que pour cette analyse particulière, le suivi était complet pour un peu plus de 80 % des participants, « nous publions maintenant les résultats préliminaires car ils ont des implications importantes pour les soins des patients et la santé publique », précisent les investigateurs. « S’il est décevant que ce traitement soit inefficace, cela va nous permettre de nous concentrer sur les soins et la recherche sur des médicaments plus prometteurs », espère Peter Horby. « Ces résultats devraient changer les pratiques médicales à travers le monde et prouvent l'importance des essais randomisés à large échelle pour permettre de prendre des décisions sur l'efficacité et l’innocuité de traitements », juge pour sa part le Pr Landray.
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