Le projet est ambitieux. La création d’un entrepôt français de données de consultations en soins primaires doit permettre aux médecins et aux chercheurs d’accéder à une mine d’informations cliniques collectées dans les cabinets de médecine générale.
Baptisé P4DP (pour Platform for Data in Primary Care), le projet, lancé en octobre 2022, a été financé par l’État à hauteur de près de 10 millions d’euros sur trois ans dans le cadre du plan France 2030, pour un budget total de plus de 14 millions. Il regroupe le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), les universités Côte d’Azur et Rouen-Normandie, le CHU de Rouen, la société Loamics et le Health Data Hub.
« La France est assez bien organisée sur les données médico-administratives via le Système national des données de santé (SNDS) et, pour certaines données cliniques, via le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Il manquait un accès aux données de médecine générale. C’est tout l’enjeu du P4DP », explique au Quotidien le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE.
Partenariats avec les éditeurs de logiciels métiers
Une première tentative, l’Observatoire de la médecine générale, portée par le Société française de médecine générale (SFMG), avait été lancée en 1994 avec une centaine de généralistes. Le dispositif a été abandonné en 2009 faute de financement. Cette fois, plus de 2000 cabinets et structures médicales pluriprofessionnelles sont associés à l’entrepôt. Les données collectées portent sur les caractéristiques des patients (poids, taille…), leur vie personnelle (habitude de vie, situation familiale, métier…) et sur les consultations, les prescriptions ou les résultats d’examen. Certaines pourront même être « chaînées » avec le SNDS au sein du Health Data Hub.
Des partenariats ont été noués avec les éditeurs de logiciels métiers pour la collecte des données. La plateforme se veut sécurisée, respectant les exigences du règlement général sur la protection des données (RGPD) et « sans effort supplémentaire ou codage spécifique de la part du médecin », souligne le Pr Saint-Lary. Le praticien pourra, via son logiciel métier, renseigner les différents champs qui permettent de structurer les données.
De la veille épidémiologique à la recherche clinique
Plusieurs usages sont envisagés : la veille épidémiologique, en partenariat avec le réseau Sentinelles ; le retour d’informations aux professionnels de santé et aux chercheurs, dans une optique d’amélioration des pratiques ou pour alimenter des indicateurs dans les structures d’exercice groupé ; la recherche clinique, en facilitant l’identification de patients pouvant répondre aux critères d’inclusion pour un essai. D’autres applications pourront être développées, comme la remontée rapide d’informations de pharmacovigilance.
Les chercheurs devraient avoir un accès aux données dès le premier semestre de cette année et un premier retour aux investigateurs sur leurs propres données est espéré dans le courant de l’année. Un premier appel à projets, lancé il y a six mois avec le Health Data Hub et le CMG, a déjà permis de financer à hauteur d’environ 1 million d’euros une dizaine de projets retenus sur des thématiques très variées, dont les parcours de soins et l’optimisation de la prise en charge. Ce premier appel à projets a suscité un « grand intérêt » et « énormément de réponses », indique le Pr Saint-Lary, se félicitant que d’autres vont suivre.
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