Comment améliorer la santé cardiovasculaire des personnes vivant avec le VIH dont le risque d'événements majeurs est doublé ? Un traitement au long cours par statines permet de diminuer ce risque de 35 %, selon l'étude Reprieve soutenue par les Instituts nationaux de la santé américains (NIH).
Les résultats, présentés à la 12e conférence de l'International Aids Society (IAS), sont publiés simultanément dans « The New England Journal of Medicine ». Cet essai de phase 3 randomisé versus placebo a été arrêté prématurément pour efficacité à 5,1 ans de suivi médian. Ce traitement accessible et peu coûteux pourrait permettre d'éviter un événement cardiovasculaire majeur sur cinq.
Une opportunité intéressante à confirmer pour la pratique, alors que le risque cardiovasculaire des personnes vivant avec le VIH ne s'explique pas par la présence de facteurs de risque d'athérosclérose et n'est pas éliminé par un traitement antirétroviral ni par la suppression virale, comme le rappelle dans un article associé le Dr Matthew Freiberg, interniste et épidémiologiste en santé cardiovasculaire à l'Université Vanderbilt et au système de santé des vétérans à Nashville.
L'équipe dirigée par le Dr Steven Grinspoon du Massachusetts General Hospital (Boston) a inclus 7 769 patients séropositifs âgés en médiane de 50 ans et traités par antirétroviraux, dont le risque cardiovasculaire était faible à modéré. L'infection VIH était contrôlée avec un taux de CD4 médian à 621 cellules par mm3 et une charge virale indétectable pour 87,5 % des patients.
Les participants recevaient soit un placebo soit de la pitavastatine par voie orale dosée à 4 mg par jour. Le critère principal de jugement était la survenue d'un événement cardiovasculaire majeur (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ischémique, hospitalisation pour angor instable, accident ischémique transitoire, ischémie artérielle périphérique, revascularisation) ou le décès de cause indéterminée.
Un effet systémique sur l'inflammation ?
L'incidence des événements cardiovasculaires était de 4,81 pour 1 000 personnes-années dans le groupe pitavastatine et de 7,73 pour 1 000 personnes-années dans le groupe placebo (HR : 0,65). Et quand le nombre de décès était associé aux événements cardiovasculaires majeurs, le risque était diminué de 21 %. Le groupe pitavastatine présentait une baisse de 30 % du LDL-cholestérol.
« Baisser les taux de LDL-cholestérol diminue le risque d'événements cardiovasculaires, comme d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral, mais ces résultats suggèrent qu'il y aurait des effets additionnels aux statines qui expliqueraient ces risques diminués chez les personnes vivant avec le VIH », explique le Dr Grinspoon dans un communiqué des NIH.
Les chercheurs appellent à poursuivre les travaux pour déterminer comment ces résultats pourront modifier les recommandations pour la prise en charge. « Cet essai souligne l'importance des mesures de prévention cardiovasculaire », estime le Dr Freiberg, rappelant qu'au-delà du diabète et de l'hypertension artérielle, le tabagisme, la consommation d'alcool même faible, l'usage de drogues, l'obésité ou la santé mentale ne sont pas ni assez recherchées ni prises en charge.
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