Depuis 2000, la survie à 3 ans des patients atteints d’un adénocarcinome du poumon en France a doublé. C’est ce que nous apprend une étude menée par le groupe français KBP-2020-CPHG (Collège de pneumologues des hôpitaux généraux), à partir des données prospectives issues d’établissements publics français, datant de 2000, 2010 et 2020. Les chercheurs décrivent une amélioration de la survie à 3 ans, accentuée sur les 10 dernières années, mais pointent également une augmentation de la proportion de femmes atteintes.
« Ces changements observés sont probablement le résultat de progrès multifactoriels dans la prise en charge du cancer primitif du poumon, y compris des progrès dans les examens d'imagerie permettant une détection plus précoce, une meilleure définition de la maladie métastatique, une meilleure classification et une meilleure caractérisation de l'histologie avec l'immunomarquage », estiment les auteurs, citant également « les progrès chirurgicaux (techniques mini-invasives, robotique, stratégies péri-opératoires) ». Cette étude est publiée dans The New England Journal of Medicine Evidence.
L’équipe attribue également ces chiffres au développement de plateformes de génétique moléculaire ayant permis une recherche plus rapide et étendue de mutations, ainsi que la découverte d’anomalies pouvant être ciblées. Des hypothèses renforcées, selon les Drs Fiona Stanaway et Armando Teixeira-Pinto, auteurs d’un éditorial associé, par des données américaines sur l’apport des thérapies ciblées chez les patients atteints de cancer non à petites cellules.
Quasi-doublement de proportion de femmes en 20 ans
En 2000, 2010 et 2020, le CPHG a réalisé trois études avec une méthodologie comparable incluant tous les patients diagnostiqués et pris en charge par un réseau d’hôpitaux publics (hors centres académiques et hôpitaux universitaires). Selon leurs données, si les adénocarcinomes représentaient moins d’un tiers des cancers du poumon en 2000, ils sont actuellement le sous-type histologique majoritaire (56,1 %). Quant à la survie à 3 ans, elle était de 16,3 % en 2000, 21,2 % en 2010 et de 38,6 % en 2020. La survie globale médiane était de 8,5 mois en 2000 et de 20,7 mois en 2020.
Les auteurs observent enfin que les femmes représentent 24,5 % des cas en 2000 et 40,4 % en 2020 et que la part de personnes de plus de 80 ans a doublé (6,4 contre 12,7 %). D’autres groupes de patients sont aussi davantage touchés, des non-fumeurs ainsi que des personnes à l’indice de masse corporelle élevé, « changeant donc le profil typique des patients atteints d’un cancer du poumon ». Cette évolution reste cependant « minime » par les éditorialistes, qui soulignent « l’implantation tardive de mesures pour le contrôle du tabac en France comparée à d’autres pays européens ».
Un diagnostic précoce associé à 84 % de survie
Pour toutes les cohortes, le fait d’être une femme, d’avoir des mutations ciblées par des thérapies et une maladie au stade précoce était associé à une meilleure survie à 3 ans. Ainsi, en 2020, la survie à 3 ans était de 45,1 % chez les femmes (18,3 % en 2000) contre 34,2 % chez les hommes (15,6 % en 2000) ; la survie des patients porteurs de mutations EGFR, ALK et ROS1 traités par thérapie ciblée était de 36 % contre 18,5 % pour les patients n’ayant pas ces mutations ; et la survie des patients diagnostiqués à un stade précoce était de 84 % contre 21,3 % pour ceux diagnostiqués au stade métastatique. Chez les patients métastatiques sans mutation, l’immunothérapie de première ligne offrait une meilleure survie que sans immunothérapie (36,2 % et 21 mois contre 14,3 % et 4,2 mois). Ces données illustrent l’importance de l’accès à l’innovation technique et la mise en place d’un programme national de dépistage du cancer du poumon pour un diagnostic précoce.
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