Un anti-parasitaire commercialisé depuis plus de soixante-dix ans, la chloroquine, serait-elle la première arme thérapeutique efficace dans la lutte contre le SARS-COV-2 ? En tout état de cause la diffusion des premiers résultats de l'essai mené par le Pr Didier Raoult a remis ce médicament sur le devant de la scène. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, s'est même autorisée à commenter les données cliniques : « Le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques qui seront dupliqués sur un plus grand nombre de patients. Pour autant, nous n'avons pas de preuve scientifique que ce traitement fonctionne. »
Antipaludique
Dans la foulée, Sanofi, le producteur de la chloroquine s'engage à offrir des millions de doses de l'antipaludique Plaquenil® afin de traiter 300 000 patients. Ce qui permettra enfin de générer des données robustes. L'essai clinique du Pr Raoult s'est en effet limité à 24 patients. 90 % des patients non traités par la chloroquine à l'issue d'une période de six jours étaient porteurs du SARS-CoV-2 versus 25 % des patients qui ont reçu la chloroquine. De nombreux infectiologues expriment leurs doutes en invoquant l'absence de résultats de la chloroquine sur les autres types de coronavirus.
Piste inflammatoire
Outre la chloroquine et les essais menés avec des antiviraux utilisés notamment dans l'infection à VIH, la piste inflammatoire est au cœur de nombreuses recherches. La complication majeure de l'infection du SARS-CoV-2 est bien la survenue d'une détresse respiratoire aiguë qui se manifeste par un "orage cytokinique" et un syndrome inflammatoire majeur. Le CoVID-19 se joue en effet de la réponse immunitaire de l'individu en limitant par exemple la concentration d'interféron de type 1 qui intervient normalement en réponse à l'attaque virale. D'où l'idée de recourir à des traitements administrés dans les maladies inflammatoires chroniques. Sanofi et son partenaire américain Regeneron annoncent ainsi le lancement d'un essai clinique de phase II-III aux États-Unis avec le Kevzara®, un anticorps monoclonal indiqué dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. En inhibant l'interleukine 6, l'objectif est bien de freiner la réaction pulmonaire inflammatoire qui explique la létalité de cette infection.
Immunosuppresseur
Une autre voie est ouverte par les médecins italiens qui devraient lancer une courte étude clinique afin d'évaluer l'intérêt de deux traitements développés par un laboratoire suédois Sobi spécialisé dans les maladies rares. Là encore, il s'agit de lutter contre le syndrome hyperinflammatoire avec l'anakinra et l'amapalumab. Le premier médicament (anakinra, Kineret®) est un immunosuppresseur, évalué par la HAS chez les patients atteints d'un syndrome périodique associé à la cryopyrine. Il a bénéficié d'une ASMR II. Quant à l'emapalumab, c'est un anticorps monoclonal dirigé contre l'interféron gamma indiqué aux États-Unis en pédiatrie pour le traitement de la lymphohistiocytose hémophagocytaire.
Bref, la course contre la montre est lancée. Aucune voie thérapeutique n'est négligée.
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