« Dès la semaine prochaine les personnes à très haut risque d’exposition qui le souhaitent pourront prendre des rendez-vous pour se faire vacciner contre le Monkeypox ». À l’occasion d’un point presse des autorités sanitaires sur la stratégie de lutte contre la variole du singe, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a annoncé ce 8 juillet, l’élargissement de la vaccination aux populations les plus exposées.
Cette déclaration fait suite à un avis de la Haute Autorité de santé (HAS) publié ce vendredi. Alors que jusque-là, la vaccination n’était préconisée qu’en post-exposition, pour les cas contacts, l’institution s’est prononcée pour son extension, en préventif, aux personnes à très haut risque d’exposition. Soit par ordre de priorités « les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples mais également les personnes en situation de prostitution ; et les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux », a indiqué le Dr Lise Alter, directrice de l’évaluation et de l’accès à l’innovation à la HAS.
Les professionnels de santé non concernés
En revanche, la HAS ne recommande pas, à ce stade, la vaccination en pré-exposition des professionnels de santé prenant en charge les personnes malades, « les mesures d’hygiène habituelles et le port d’équipements de protection individuelle rendant le risque de contamination très faible en pratique ». Pour autant, cette vaccination pourra « être envisagée au cas par cas, selon l’exposition, l’existence de facteurs de risque individuels ou à leur demande ».
Comme en post-exposition, un schéma vaccinal à deux doses espacées de 28 jours est préconisé (schéma réduit à une dose pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole). Les caractéristiques des deux vaccins disponibles permettant leur interchangeabilité, « la seconde dose pourra se faire avec un vaccin différent de la première », estime la HAS. Par ailleurs, « un espacement des doses plus important, de plusieurs semaines, pourra être envisagé en cas de tension d’approvisionnement des vaccins ».
De nouveaux lieux de vaccination
« Cet avis va être suivi et l’organisation va se mettre en place dès la semaine prochaine dans l’ensemble des régions du territoire national », a déclaré le Pr Salomon. Compte tenu de l’extension des besoins et de l’évolution des recommandations vaccinales, le dispositif de vaccination devrait évoluer pour faciliter le parcours des patients. En Île-de-France, par exemple, « nous allons impliquer des lieux de prise en charge habituels comme les centres de vaccination internationale, les Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) et certains centres de santé » a expliqué Cécile Somarriba, directrice de la veille et de la sécurité sanitaire de l'agence régionale de santé d’Île-de-France. La liste des lieux de vaccination « qui vont ouvrir régulièrement les uns après les autres » devrait être disponible sur les sites internet des ARS, a précisé le Pr Salomon.
Les doses commandées par les ARS « seront issues du stock stratégique de l’État et livrée directement dans les lieux de vaccination, a-t-il poursuivi tout en rassurant sur le nombre de doses disponibles. Il n’y a pas aujourd’hui de difficultés d’accès à ce vaccin, ce d’autant que l’on parle d’une vaccination volontaire et ciblée ». Dans un premier temps, les vaccins seront fournis gratuitement par l’État.
L'accès à la PCR élargi
En parallèle, la stratégie de diagnostic devrait aussi évoluer. Alors que pour le moment l’accès à la PCR reste restreint à certains centres « on fait vraiment le maximum pour lever les verrous et que le diagnostic puisse se faire partout », a assuré le directeur général de la Santé. À terme, l’ANSM espère pouvoir proposer l’utilisation de tests rapides. Certains existent déjà et disposent d’un marquage CE mais l’agence du médicament entend « revoir leurs performances dans le contexte actuel de l’épidémie ».
D’ores et déjà, « on peut faire un diagnostic de monkeypox et le déclarer (dans le cadre de la DO) sans PCR si le tableau clinique est évident et que l’on a notamment une notion de contage ».
Comme l’a rappelé le Pr Valérie Pourcher, Cheffe du service de Maladies Infectieuses et Tropicales, à l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, les principaux symptômes consistent en des lésions cutanées à type de vésicules pouvant toucher tout le corps. « Ces lésions sont volontiers extrêmement douloureuses », insiste la spécialiste. Elles peuvent être uniques ou multiples et s’associer (ou non) à des adénopathies douloureuses, ou à un tableau général viral (fatigue, fièvre, douleurs musculaires, céphalées, maux de gorge).
Même si pour le moment les circuits de test et de vaccination restent encore limités à des filières dédiées, la DGS a réaffirmé le « rôle clé » des médecins traitants dans le diagnostic et la prise en charge des patients, alors que le nombre de cas continue d'augmenter.
Au 7 juillet, 721 cas avaient été confirmés en France, dont 473 en Île-de-France. 98 % des cas pour lesquels l'orientation sexuelle était renseignée ont été observés chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
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