La détection de la variole du singe risque-t-elle d'être compliquée par de potentielles confusions avec la varicelle ? C’est en tout cas ce qu'a suggéré lors d’une conférence de presse de l’ANRS-MIE le Pr Xavier Lescure, infectiologue du service de maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat Claude-Bernard (AP-HP).
Une circulation importante de la varicelle
L’émergence du monkeypox en France se fait dans un contexte marqué non seulement par la circulation du SARS-CoV-2, mais aussi par celle, plus habituelle, de la varicelle. Selon le réseau Sentinelles, la dernière semaine de mai était en effet caractérisée par une « activité forte » de la varicelle. Et comme l'indique son dernier bulletin, « en France métropolitaine, en semaine 21, le taux d’incidence des cas de varicelle vus en consultation de médecine générale a été estimé à 37 cas pour 100 000 habitants ». Ce qui correspond à « un niveau d’activité supérieur à ceux observés habituellement en cette période », souligne le réseau.
Or, le tableau clinique associé à la variole du singe apparaît proche de la symptomatologie de la varicelle : dans les deux cas, l'infection se manifeste par une fièvre, suivie de l'apparition de lésions cutanées pouvant atteindre le visage comme le reste du corps, etc.
Un diagnostic différentiel « pas évident »
Certes, comme le souligne le Pr Lescure, « quelques signes discriminants » permettent théoriquement de distinguer les deux maladies. « Classiquement, la varicelle ne donne pas de lésions palmoplantaires, (…) pas d’adénopathie (…), et la variole donne des éruptions qui sont parfois très douloureuses », rappelle-t-il. De plus, comme le souligne la Coordination opérationnelle sur le risque épidémiologique et biologique (Coreb) dans une fiche à destination des professionnels de santé, dans la varicelle, les lésions cutanées présentent des « âges différents » - alors que les lésions associées au monkeypox évoluent en une seule poussée.
Cependant, pour l’infectiologue, il n’apparaît « pas évident (…) de faire la part des choses ». « Ces différences (…) laissent la place à un certain chevauchement de diagnostic », déplore-t-il. Et dans le climat actuel de crainte du monkeypox, les centres spécialisés se verraient adresser des formes de varicelle qui concernaient jusqu’à présent la médecine de ville, peu habituelles en établissement de santé. « On redécouvre – en tout cas à l’hôpital – la varicelle non sévère de l’adulte, (…) qu’on ne voyait jamais (auparavant) », affirme le Pr Lescure.
Risque de saturation des laboratoires habilités à diagnostiquer le monkeypox
D’où un risque de saturation des capacités de prélèvement et surtout de diagnostic biologique du monkeypox. En effet, si tout cas potentiel de variole du singe doit être confirmé par PCR, les laboratoires habilités à réaliser le test sont encore peu nombreux. « Pour le moment on est sur des risques épidémiques et biologiques que seuls certains établissements peuvent gérer, seuls certains types de laboratoires pouvant techniquer les prélèvements », insiste le Pr Lescure.
Dans ce contexte, le diagnostic différentiel de la variole du singe et de la varicelle reste à faciliter en amont du diagnostic biologique. Pour ce faire, « un gros travail est en train de se mettre en place avec la médecine de ville, avec les dermatologues, pour essayer d’être plus discriminant avant le prélèvement », indique par exemple l’infectiologue.
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