Alors que le président de la République a annoncé le 28 février la mise en place de campagnes de vaccination anti-HPV pour les collégiens de 5e, le collectif « Demain sans HPV » appelle à aller plus loin en matière de prévention des maladies liées au papillomavirus. « On accueille très favorablement les mesures qui ont été prises néanmoins on pense qu’il est important de les compléter », a expliqué Laure Roulle, présidente de l’association NO TABOO, lors d’une conférence de presse organisée par le tout jeune collectif, en amont de la journée mondiale de sensibilisation contre les maladies induites par l’HPV du 4 mars.
Né d’un constat commun quant au retard de la France sur ce plan, « Demain sans HPV » regroupe dix associations de patients et de prévention autour d’un même objectif : « alerter et proposer des solutions tangibles afin d’éradiquer les maladies graves induites par les HPV ».
« Il est devenu plus qu’urgent de se mobiliser collectivement car les politiques de santé en France sont très en retard à l’aune de celles de nos voisins européens », a expliqué Coralie Marjollet, présidente d’IMAGYN, lors de la conférence de presse.
Pour une stratégie nationale d’élimination des papillomavirus
Dès à présent le collectif formule cinq propositions pour faire bouger les lignes.
Partant du constat que toutes les pathologies graves liées au HPV « peuvent être efficacement prévenues et éliminées », le collectif plaide pour la mise en place d’une stratégie nationale d’élimination des papillomavirus. Car « nous considérons qu'un engagement au plus haut niveau de l’État est nécessaire pour donner l’élan suffisant et ainsi rattraper notre retard », insiste Coralie Marjollet.
Élargir le socle des vaccinateurs
Pointant « la difficulté actuelle pour obtenir un rendez-vous chez le médecin », le collectif appelle aussi à élargir la prescription et la réalisation de la vaccination à l’ensemble des professionnels de santé (pharmaciens, sages-femmes, infirmiers) pour tous les jeunes éligibles.
Depuis novembre 2022, de nouveaux professionnels de santé, et notamment les pharmaciens, peuvent déjà vacciner les filles et les garçons à partir de 16 ans. Mais on sait que l’efficacité du vaccin « est bien supérieure » lorsqu’il est administré avant 17 ans plutôt qu’après (avec des taux de protection de respectivement 88 % et 53 % selon une étude suédoise récente). C’est pourquoi, « il est essentiel que l’autorisation de vaccination des professionnels de santé soit alignée sur les préconisations de la Haute Autorité de santé (HAS), soit à partir de 11 ans », insiste le collectif.
La HAS a en effet recommandé en 2022 que les pharmaciens, infirmiers et sages-femmes puissent vacciner et prescrire le vaccin pour l’ensemble des adolescents éligibles (dès 11 ans). Mais « les textes réglementaires traduisant cette recommandation sont aujourd’hui manquants ». La donne pourrait toutefois changer rapidement et « dès la rentrée 2023, infirmiers, pharmaciens et sages-femmes devraient pouvoir prescrire le vaccin contre l’HPV aux âges clés », a laissé entendre Emmanuel Macron.
Rattrapage pour tous jusqu'à 26 ans
Autre préconisation : alors qu’actuellement seuls les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes peuvent bénéficier d’une vaccination de rattrapage jusqu’à 26 ans, le collectif milite pour que tous les jeunes adultes puissent bénéficier d’un rattrapage jusqu’à 26 ans quel que soit leur genre ou orientation sexuelle. Car « toute une tranche d’âge n’a pas pu bénéficier du vaccin, notamment en raison de la pandémie, justifie Jean-Baptiste Lusignan, responsable du pôle Jeunes et publics prioritaires au CRIPS IDF. De plus, les interrogations portées par les anti-vax sur la sécurité du vaccin ont largement participé au développement de la méfiance des parents qui pour certains n’ont pas souhaité vacciner leurs jeunes filles ».
Afin de mieux faire connaître les différentes maladies HPV induites et en finir avec le tabou, « Demain sans HPV » préconise par ailleurs de déployer des campagnes d’informations régulières sur le sujet dans les cabinets de médecins, officines, milieu scolaire, etc.
Enfin, rejoignant l’annonce présidentielle, le collectif appelle à « organiser une politique de vaccination contre l’HPV au collège », défendant pour sa part « le principe du consentement présumé ».
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