En pleine deuxième vague de Covid-19, Olivier Véran semble régler quelques comptes avec une partie du corps médical. Dans une interview à « Paris Match », le ministre de la Santé fustige les prises de parole publiques de certains de ses confrères durant l'été qu'il accuse d'avoir minimisé le risque de reprise de l'épidémie.
« Les déclarations de certains médecins nous ont fait du mal collectivement », tance le locataire de Ségur. « Si, en août, quand j'alertais sur la reprise de l'épidémie qui touchait alors les jeunes dans les villes du sud, une majorité́ d'experts avait dit : "ce qui nous pend au nez, c'est une deuxième vague, il faut tous s'y mettre pour l'enrayer maintenant", la deuxième vague aurait sans doute été retardée. Mais, à l'époque, des médecins affirmaient que c'était bien que les jeunes se contaminent pour atteindre une forme d'immunité ! », s'offusque Olivier Véran qualifiant d'« irresponsables » de telles prises de position.
Immunité collective
Le ministre de la Santé semble faire allusion notamment à l'interview accordée par le Pr Éric Caumes au « Parisien » le 2 août dernier. Dans cet entretien, le célèbre infectiologue de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) laissait entendre que la solution pourrait être de laisser les personnes jeunes se contaminer entre elles dans le but d'atteindre l'immunité collective. « Ce n'est peut-être pas politiquement correct, mais je pense de plus en plus qu'il faut les laisser se contaminer entre eux, à condition qu'ils ne voient pas leurs parents et leurs grands-parents, avait-il précisé. Sinon, les jeunes seront un réservoir de contamination et on se retrouvera avec une épidémie ingérable. Ne les stigmatisons pas, disons-leur de respecter les anciens. En les laissant se contaminer, ils participeront à l'immunité collective. ». Prudent, le PU-PH précisait toutefois que cette stratégie pourrait avoir des conséquences puisque « les jeunes peuvent aussi avoir des formes graves ».
Cacophonie
Dans les médias, plusieurs médecins ont fait écho aux accusations à peine voilées portées par le ministre de la Santé. C'est le cas du Pr Jean-Michel Constantin, chef du service de réanimation à la Pitié-Salpêtrière. « Je suis totalement d'accord. Il y en a toujours deux ou trois qui étaient là pour dire : "mais non, c'est idiot, il n'y aura jamais de deuxième vague". Des gens qui ont prêté le même serment que moi… J'ai honte », a-t-il déclaré sur LCI. Le Pr Patrick Goldstein, chef des urgences du CHU de Lille, partage également ce constat : « iI fallait être humble et pour certains, je l'espère, ça va être une très, très grande leçon d'humilité. »
D'autres ont pris leurs distances avec le recadrage ministériel. « Je ne sais pas si cela sert à quelque chose en temps de crise de lancer ce genre de polémiques », a regretté le Dr Patrick Pelloux, également invité sur LCI. Le président de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) reconnaît toutefois « qu'il y a eu une cacophonie de la part du monde médical qui est assez pénible ».
#7h50LeDébat
— La Matinale LCI (@LaMatinaleLCI) November 12, 2020
Après le tacle d'Olivier Veran aux médecins, la question est posée : certains médecins sont-ils responsables de la 2nde vague ?
Retrouvez l'intervention de @PatrickPelloux, médecin urgentiste au Samu de Paris, sur @LCI pic.twitter.com/jAglYmf53q
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