De l'extérieur, on pourrait penser que le dispositif est simple, mais son financement l'est moins, comme l'a expliqué M. Laville (service de Néphrologie, Dialyse et Nutrition Rénale, Centre Hospitalier Lyon-Sud), président de la Fondation du Rein : « Il n'y a pas d'incitation positive, la dialyse étant donc très contrainte par les aspects financiers, à l'heure où il n'existe pas de financement à l'acte. Les aides sur le matériel ne sont pas suffisantes, là où les téléconsultations ne sont pas rémunérées… »
Ceci pose d'autant plus problème, hors centre, le secteur libéral ne pouvant pas absorber tous les coûts. Une situation paradoxale est ainsi mise à jour : quand bien même l'effort financier serait fait par des structures ou par des praticiens, le système actuel ne prévoit pas de valoriser des actes de type téléconsultation, téléassistance, téléexpertise ou encore télésurveillance. « Le temps médical est pourtant pris en déduction du temps passé au soin, poursuit M. Laville. Les besoins en dialyse sont de pouvoir effectuer un traitement de proximité, là où il n'y a pas de néphrologue, et éviter le plus possible le déplacement du patient. »
Multiplier les dialyses à domicile
L'Association pour l'utilisation du rein artificiel dans la région Lyonnaise (AURAL) existe depuis 1974, et compte 3 800 dialysés pour 3 600 greffés, l'âge médian des patients étant de 70 ans. M. Laville en est d'ailleurs le président. Le médecin directeur, W. Arkouche, exprime les mêmes inquiétudes quant au déploiement de la télémédecine, tout en estimant que les avancées en matière de dialyse sont très encourageantes : « au-delà des coûts, le fait de pouvoir vérifier et même guider une caméra à distance peut par exemple servir à voir l'état d'une fistule ou d'une liaison cutanée. » Dans une salle dédiée, le praticien peut ainsi ausculter le patient, le rassurer, et si besoin zoomer, deux infirmières étant présentes de l'autre côté de l'écran et poussant le chariot mobile sur lequel se trouve le dispositif. Si cette organisation convient pour les cas lourds, il faut tendre vers les dialyses à domicile. Pour W. Arkouche, « aujourd'hui, entre 9 à 10 % des dialysés de la région Rhône-Alpes le sont chez eux via le réseau Aural. Au niveau national, cela représente 7 %, ce qui n'est pas encore suffisant par rapport à l'objectif national, fixé à 55 % de greffés. Nous avons encore des efforts à faire en termes de prévention, de dépistage précoce et d'organisation ». En pratique, s'il manque des donneurs vivants, il est nécessaire d'inscrire en préemptif des patients qui présentent des prédispositions aux maladies rénales (diabétiques, maladies cardio-vasculaires, hypertension, cas familiaux…).
Un programme d'éducation thérapeutique multidisciplinaire validé par l'ARS peut alors être mis en place, en association avec un néphrologue, une infirmière, un psychologue et une assistante sociale. Cette anticipation sur l'état de santé du patient peut s'assortir d'une dialyse à domicile. Enfin, comme le rappelle le directeur d'Aural, outre la qualité de vie des patients, directement améliorée, en termes de santé publique, la dialyse en centre médicalisé représente 80 % des 4 milliards d'euros de dépenses, soit 3,2 milliards d'euros, le reste étant pour la greffe.
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