Les lois nationales très strictes qui prohibent la « gestation pour autrui » sont-elles vraiment adaptées aux énormes marchés représentés par ces comportements ? Une table ronde organisée lors du forum européen de bioéthique a recherché les moyens d’une meilleure adéquation entre le droit et les pratiques.
Rien qu’en Inde, plus de 4 000 cliniques proposent aux couples stériles toutes les techniques, y compris la gestation pour autrui (GPA), qui leur permettront d’accéder à leur désir d’enfant : « Il est illusoire de croire que le droit peut empêcher les dérives de la GPA », a rappelé la juriste Laurence Brunet, spécialiste du droit de la famille. Elle souligne que, même si cela peut nous choquer, beaucoup de femmes indiennes préfèrent porter l’enfant d’une riche occidentale plutôt que de s’épuiser sur des chaînes d’usines de vêtements pour des salaires de misère.
Si la France dispose de 130 centres de fécondation in vitro, ceux-ci ont eu pour effet pervers de créer un « droit à l’enfant » qui a été à l’origine du tourisme reproductif, explique le Pr Israël Nisand, régulièrement confronté à des demandes auxquelles il lui est éthiquement impossible d’accéder (requêtes qui seront parfois satisfaites dans d’autres régions du monde). C’est sans doute en « responsabilisant » les médecins, au niveau mondial, que l’on pourra limiter les dérives. Pour autant, l’éthique pèse peu, parfois, face à la volonté « d’enfant à tout prix », dans tous les sens du terme, y compris lorsque les parents se soucient peu « du prix qu’ils feront payer à l’enfant ».
Marché de la procréation
Au-delà des problèmes éthiques, le retour en France des enfants nés par GPA à l’étranger pose de graves questions juridiques, puisqu’ils n’ont aucun statut légal. En outre, a expliqué le Pr Jacques Testart, le développement de ce « marché de la procréation » nous place au seuil du clonage social et de l’avènement d’un homme « augmenté » ou transhumain, qui va s’imposer petit à petit.
Ces réalités semblent toutefois secondaires à certains couples, hétérosexuels ou homosexuels, désireux d’accéder à la GPA. Lors des débats au forum de bioéthique, plusieurs participants se sont ainsi inquiétés de savoir « quand ces techniques seront autorisées en France ». De quoi réfléchir aux limites des interdictions qui favorisent parfois dans les arrières salles des pratiques incontrôlables et incontrôlées.
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