Au troisième jour de son procès aux assises à Angers, deux médecins belges spécialistes de la fin de vie ont estimé le Dr Nicolas Bonnemaison ne méritait pas d’être poursuivi pour « un geste médical » destiné aider des malades à « mourir dans de bonnes conditions ».
Cité par la défense de l’ex-urgentiste, le Pr François Damas, chef du service de réanimation dans un centre hospitalier de Liège (Belgique) a lancé : « Il faut féliciter le Dr Bonnemaison de ce qu’il a fait plutôt que de le placer devant une Cour d’assises ». Selon lui, « la question n’est pas de savoir si on veut faire mourir le patient. La question est : puisqu’il meurt, il faut que ce soit dans de bonnes conditions ».
Le Dr Dominique Lossignol, spécialiste en soins palliatifs à Bruxelles, renchérit à la barre : « On ne fait pas mourir un mourant, mais nous sommes responsable de la manière (...) Nulle part on ne dit que les malades de Nicolas Bonnemaison sont morts dans de mauvaises conditions ». « On explique ce que l’on fait, quand on a le temps, aux familles. Mais on n’a pas toujours le temps », explique le Dr Lossignol, soulignant que même transmise, l’information n’est « pas toujours retenue de la même façon par les interlocuteurs ».
« Pour apaiser pas pour tuer »
Ce jeudi, le Dr Thierry Saint-Val, urgentiste à l’hôpital de Bayonne où exerçait le Dr Bonnemaison a témoigné de sa confiance en son collègue. « S’il m’arrivait quelque chose, si je me trouvais en soins palliatifs, je fais confiance au Dr Bonnemaison pour trouver les médicaments qu’il me faudrait le jour venu (...) pour ne pas prolonger mon agonie mais sans provoquer délibérément la mort », a-t-il affirmé. Lui qui se définit comme « chrétien » a aussi précisé : « La raison obéit à la loi, la conscience, elle, obéit à l’humain » rappelant que dans la « Bible » des médicaments - le Vidal - « il n’y pas de recommandation » sur leur utilisation en toute fin de vie. Il a martelé que le médecin était là « pour apaiser pas pour tuer » et a reconnu ne pas toujours associer les familles à la décision de sédater un agonisant, faute de temps pour « gérer leur stress, leurs angoisses ». Dans l’urgence, a-t-il souligné, « je n’ai pas besoin de la famille. Je leur explique ce que j’ai fait, mais je ne prends pas leur avis (...) On a tous envie que le médecin s’occupe en priorité de nous, pas de notre famille ».
Le Dr Bonnemaison acquitté en juin 2014 lors de son premier procès à Pau, est jugé en appel à Angers pour « empoisonnement » de 7 patients en fin de vie. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 24 octobre.
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