Plus de 15 000 « spectateurs », contre 12 000 l’an dernier, se sont marchés sur les pieds pour obtenir quelques centimètres carrés de place dans les salles bondées qui accueillaient les 35 conférences programmées sur cinq jours.
Si les Prs Jean Louis Mandel et Israël Nisand, co-fondateurs du forum lancé en 2011, ont réussi leur pari d’attirer le grand public autour des grands enjeux de la bioéthique, le forum 2014 a été victime de son succès, en dépit ou à cause d’un programme particulièrement riche et attrayant. Associant médecins fondamentalistes et cliniciens, mais aussi biologistes, philosophes et sociologues, les tables rondes ont d’abord fait le point sur les maladies neurologiques et psychiatriques. Elles ont exploré les recherches sur le cerveau et leurs enjeux médicaux, mais aussi leurs applications controversées, actuelles ou futures, comme le neuromarketing, la « police du cerveau » ou la prédiction de la délinquance et de la récidive.
Confrontation des approches
De même, les conséquences, individuelles et collectives du monde virtuel et connecté, devenu opium du peuple, ont nourri les débats, tantôt pour faire sourire et tantôt pour inquiéter.
Mais si la recherche en neurobiologie, magistralement présentée par plusieurs intervenants, révèle les richesses insoupçonnées du cerveau et de ses facultés, suffit-elle toujours à en expliquer tous les secrets ? Le forum n’hésite pas à associer les révélations de l’imagerie biomédicale avec l’étude des « maux de l’âme », regards multiples, biologiques et cliniques, philosophiques et anthropologiques sans lesquels le monde est incompréhensible. Ce n’est d’ailleurs que par la confrontation des approches que l’on peut aborder des sujets aussi lourds que l’origine psychique des maladies, niée par les épidémiologistes mais certitude de bien des patients, ou la perception de la douleur, tantôt insupportable et tantôt recherchée.
La confrontation du « sain » et du « fou », du « normal » et du « pathologique », encore aggravée par les dernières directives du DSM 5, nous interrogent autant sur la santé de la société que sur celle des patients.
« Alzheimerisation » de notre monde
De même, relevait Israël Nisand, si tout le monde parle de psychiatrisation de la société, ne faut il pas s’interroger aussi, comme le relevait une table ronde, sur une éventuelle « alzheimerisation » de notre monde ?
Qu’ils soient ténors de la bioéthique comme Didier Sicard ou Jean François Mattei, ou chercheurs et penseurs moins reconnus, les intervenants jouent tous le jeu de l’échange avec le public, tant lors des grandes tables rondes qu’au cours de conférences plus intimistes. Complété par des rencontres dans un musée, pour parler d’art et de dépression, mais aussi par des soirées théâtrales, musicales et cinématographiques, le forum a su se doter d’un esprit et d’une dynamique particulière, qui poussent les orateurs, comme le public, à revenir chaque année de plus en plus nombreux.
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