LE QUOTIDIEN – Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à cette campagne d’information inédite ?
PATRICE ZAGAMÉ – L’AFSSAPS a publié des listes de médicaments faisant l’objet d’une enquête de pharmacovigilance ou d’un suivi renforcé et plusieurs produits Novartis figurent sur ces listes. La reprise médiatique sans explication ou discernement a engendré une certaine confusion, tant auprès des professionnels que des patients, inquiets. Il était donc nécessaire pour notre laboratoire d’informer les professionnels de santé, en toute transparence et en utilisant des moyens de communication modernes et rapides (le site www.liste-medicaments.fr et le numéro vert 0805 69 68 80).
Beaucoup de produits issus de la recherche – notamment chez Novartis dont la recherche est très active – figurent sur ces listes uniquement parce qu’ils sont nouveaux et font l’objet d’un Plan de gestion des risques, au niveau européen comme en France. Une procédure qui ne remet nullement en cause le rapport bénéfice/risque de ces produits mais illustre au contraire la volonté de mieux protéger les patients. Or, ce n’est pas le message qui est passé dans certains médias, d’où le besoin d’une clarification rapide.
La visite médicale ne pouvait pas accomplir cette tâche ?
Vous me donnez l’occasion de rappeler qu’il est délicat, à partir d’un problème potentiel de pharmacovigilance, de remettre en cause brutalement l’ensemble du système de santé et l’apport considérable des industries du médicament. En particulier, si l’ont peut toujours améliorer l’information des professionnels de santé, il est totalement injuste de profiter de ce contexte pour jeter, une fois de plus, l’opprobre sur les visiteurs médicaux dont l’immense majorité accomplissent leurs tâches sans oublier les priorités de santé publique, de pharmacovigilance et le cadre de la charte de la visite médicale.
Mais dans le cas présent, il nous fallait faire face à une urgence, proposer à tous des informations claires, simples, totalement validées et remises à jour deux fois par semaine. Un objectif ne pouvant être atteint par la visite.
Pouvez-vous dresser un premier bilan de cette campagne ?
Oui et ce bilan provisoire et plus que satisfaisant puisqu’en dix jours, notre site a été consulté près de 20 000 fois, ce à quoi s’ajoutent les fortes retombées des relais organisés dans les newsletters du JIM et du « Quotidien du Médecin », en particulier. Sur le fond, nous avons la conviction que cette information a rassuré de nombreux prescripteurs et, par voie de conséquence, leurs patients, en évitant des arrêts de traitement très préjudiciables. Des témoignages, par des médecins, de cas d’arrêts intempestifs de traitements anticancéreux, nous ont convaincus du bien-fondé et de l’urgence d’une telle action.
Pendant combien de temps allez-vous poursuivre cette opération ?
Le temps qu’il faudra mais nous pensons que les Assises du médicament vont vraisemblablement déboucher sur une transformation du système de pharmacovigilance, avec une communication améliorée des organismes publics en charge de cette celle-ci. Nous n’avons pas pour mission de nous substituer à ces organismes et nous céderons la place.
Pour conclure je dirai que c’est ce type de mesures concrètes que nous attendons des Assises. Sûrement pas des amalgames préjudiciables à l’ensemble du système de santé. L’objectif c’est de redonner confiance, en augmentant la visibilité, confiance dans le médicament mais aussi dans les structures d’enregistrement et de contrôle.
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