LES PRODUITS de comblement des rides ne doivent pas rester définitivement dans la peau. C’est pourquoi le produit phare est l’acide hyaluronique. Ce constituant naturel du derme, utilisé initialement dans les arthroses du genou, bénéficie en effet d’un bon recul (environ 15 ans) et d’une bonne tolérance. Pour le fabriquer en grande quantité, il est d’abord sécrété par des streptocoques (l’acide hyaluronique est un polysaccharide). Il est ensuite purifié et travaillé avec des techniques mécaniques ou chimiques, afin de le rendre plus solide et empêcher qu’il ne se dégrade trop vite.
Des précautions à prendre, même avec l’acide hyaluronique.
« Il est aussi très important que l’acide hyaluronique soit bien le produit injectable et non le simple support d’un autre produit » insiste le Dr Gassia. Il est tout aussi capital de respecter les contre-indications que sont les maladies auto-immunes en activité, les antécédents d’infections streptococciques, les antécédents de chéloïdes et la prise d’interféron (risques de granulomes). Il reste encore à vérifier l’origine du produit. En effet, comme tout produit de comblement des rides, l’acide hyaluronique est un dispositif médical et non un médicament. Il lui suffit donc d’un marquage CE pour être mis sur le marché. Cependant, ce marquage témoigne de la qualité de fabrication, mais pas de l’existence d’études cliniques : « c’est donc bien au médecin de se renseigner sur l’existence d’études sur le produit qu’il souhaite injecter à ses patients et ce, tant que l’Afssaps n’exige pas d’études cliniques systématiques d’efficacité et de tolérance de ces produits » insiste le Dr Gassia.
C’est encore à lui d’injecter le bon produit, au bon endroit, et à la bonne profondeur, d’où la nécessité d’une formation adéquate aux techniques d’injection. « Lorsque tout est réalisé dans les règles de l’art, l’effet obtenu dure 9 mois en moyenne, voire 18 mois pour les plus produits les plus épais. Et c’est justement ce côté éphémère qui est un gage de sécurité » précise le Dr Gassia.
Davantage de risques avec les produits non résorbables.
Comme l’a rappelé l’AFSSAPS (mai 2010), les produits de comblement des rides peuvent être classés en produits « résorbables » et « lentement résorbables » qui sont éliminés naturellement par l’organisme, par opposition aux « non résorbables » qui eux, sont définitivement injectés sous la peau. « Injecter un produit non résorbable dans le but de combler une ride, est un double non-sens. D’une part, parce que cela consiste à introduire un corps étranger dont on ignore les effets à long terme. Et, d’autre part, parce que le visage est amené à se modifier dans le temps : il est donc illogique de pratiquer un geste définitif car rien ne dit qu’avec les années, ce comblement restera pertinent sur le plan esthétique » souligne le Dr Gassia. C’est pourquoi, les produits dits « définitifs » sont de moins en moins utilisés.
Parmi les risques accrus inhérents à l’injection de produits non résorbables, on trouve les granulomes et les nécroses : 0,1 à 1 % des patients seraient concernés (avec un risque peut-être accru pour ceux qui ont reçu des injections de produits divers), mais comme ces effets peuvent être tardifs - apparaissant parfois plusieurs années après l’injection - et que leur traitement est difficile, l’Afssaps déconseille leur utilisation dans une finalité esthétique.
De façon générale, le risque de réactions sarcoïdosiques induites après injection de produit non résorbable devrait figurer dans la fiche d’information concernant les produits de comblement. En effet, deux cas publiés par V. Descamps et coll. dans « Dermatology » (2008 ; 217 : 81-4) soulignent ce risque de réaction sarcoïdosique majeure chez des patientes ayant eu des injections de comblement et traitées ensuite par interféron pour hépatite C chronique. C’est pourquoi, il est indispensable d’avertir la patiente du risque de réactions sarcoïdosiques graves dans ce cas particulier.
Viennent enfin les produits dits « semi-résorbables » comme Sculptra (acide L-polylactique) et Radiesse (hydroxyapatite). « Ces produits ont pour but de créer une fibrose, c’est-à-dire de stimuler la fabrication de collagène. Il ne s’agit donc pas de produits de comblement à proprement parler. Ils s’injectent d’ailleurs selon des techniques particulières (plus profondément que l’acide hyaluronique) et ne peuvent être injectés dans certaines zones comme les cernes et les lèvres, sous peine d’obtenir un volume trop important. En effet, avec ces produits, il est plus difficile de maîtriser l’induction de volume que l’on induit. On manque également de recul les concernant » remarque le Dr Gassia.
D’après un entretien avec le Dr Véronique Gassia, Toulouse, vice-présidente de la Fédération française de formation continue et d’évaluation en dermatologie vénérologie et membre du groupe de dermatologie esthétique de la Société française de dermatologie.
Bibliographie
J Am Acad Dermatol. 2011 Jan ;64(1):1-34; quiz 35-6.
Ann Dermatol Venereol. 2009 Oct ;136 Suppl 6 :S293-8.
Arch Dermatol 2007 ; 143 : 507--10.
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