En épluchant les certificats médicaux de 626 000 accidents de travail en 2016, la branche accidents du travail/maladies professionnelles (AT/MP) de l'Assurance-maladie (CNAM) a identifié 10 000 cas reconnus comme affections psychiques (troubles anxieux, troubles du sommeil, dépression, états de stress post-traumatique…).
Selon une étude dévoilée ce mardi par la branche de la CNAM, la part des affections psychologiques a progressé de 1 % en 2011 à 1,6 % en 2016. Par ailleurs, environ 596 affections psychiques ont été reconnues comme maladie professionnelle en 2016, sur 1 100 demandes, soit sept fois plus qu'il y a cinq ans.
« Sans doute, les assurés connaissent mieux leurs droits et demandent davantage la reconnaissance en maladie professionnelle. Mais cette augmentation est aussi liée à un assouplissement réglementaire en 2012 pour saisir le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles », explique Marine Jeantet. La directrice des risques professionnels à l’Assurance-maladie précise aussi que ces chiffres ne concernent pas l'hôpital.
Les femmes employées les plus touchées
Ces affections psychiques touchent majoritairement les femmes (dans près de 60 % des cas), âgées en moyenne de 40 ans et appartenant à la catégorie socioprofessionnelle des employés. À l’opposé, les cadres, techniciens et agents de maîtrise ont la fréquence la plus faible.
« Cela ne signifie pas qu'ils sont les moins exposés aux risques psychosociaux car, proportionnellement, c’est la catégorie qui connaît la plus grande part prise en charge en AT/MP », précise Marine Jeantet.
Les trois secteurs d'activité qui concentrent le plus de reconnaissance d'affections psychiques liées au travail chez les salariés sont le secteur médico-social (20 %), les transports (15 % des affections psychiques) et le commerce de détail (13 %). Ces trois secteurs ont en commun « un lien avec le public », note l'Assurance-maladie.
Médecin traitant, le relais
En 2016, la prise en charge de ces affections a coûté plus de 230 millions d'euros à la Sécu. La branche accidents du travail/maladies professionnelles (AT/MP) rappelle que des dispositifs de prévention (brochures, dépliants, sites d'informations sur le stress) existent et compte bien encourager les entreprises à s'investir davantage dans une démarche de prévention « efficace et durable ». Parallèlement, elle incite aussi les médecins traitants à déclarer davantage les sinistres et à informer leurs patients sur leurs droits potentiels.
« Le médecin traitant est l'interlocuteur et le relais du patient. Il est important que les certificats médicaux qu'il remplit soient descriptifs. Il ne suffit pas de mettre sur la feuille de déclaration burn-out ou encore harcèlement. Mais les médecins sont de mieux en mieux sensibilisés grâce aux échanges avec les délégués de l'Assurance-maladie et les médecins-conseils », explique au « Quotidien » le Dr Philippe Petit, médecin-conseil au département services aux assurés.
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