La société Réhalto publie aujourd'hui la cinquième édition consécutive de son baromètre* sur les arrêts de travail, en partenariat avec BVA. Le taux d'absentéisme dans les entreprises de plus de 50 salariés (nombre total des journées d'absence rapportées au nombre de jours calendaires) a progressé de près de 7 % par an sur la période 2014/2018.
Certes, seuls 36 % des salariés ont été arrêtés au moins une fois au cours des 12 derniers mois – chiffre en léger repli par rapport aux deux précédents baromètres. Mais en moyenne, les salariés ont eu 14,1 jours d'arrêt sur cette période (contre 11,6 en 2017). L'étude souligne la croissance dynamique des arrêts longs (plus de trois mois), qui représentent désormais 9 % des arrêts. Une autre étude publiée cette semaine (groupe de conseil Ayming) confirme la forte progression (+10 %) des absences de longue durée en 2018, sous l'effet notamment du vieillissement. In fine, ces chiffres se traduisent par un rebond du taux d'absentéisme à hauteur de 3,9 % dans les entreprises de plus de 50 salariés, en hausse par rapport à 2017 (3,2%), selon Réhalto.
Les écarts restent considérables. Le taux d'absentéisme est plus fort chez les ouvriers (6,5 %), les plus de 50 ans (4,4%), ceux qui travaillent dans le secteur de l'industrie (4,8 %) et ceux qui ne pratiquent pas du tout le télétravail (4,3 %).
Pratiques managériales
Hors les maladies « ordinaires » (rhume, grippe), qui représentent 46 % des arrêts, les troubles musculo-squelettiques (TMS, 27 %) et les problématiques mentales (23 %) sont les principales causes des arrêts maladie. À noter que 7 % des salariés ont été arrêtés pour un syndrome d'épuisement professionnel, taux qui continue de progresser, avec une prévalence chez les femmes (9%), les moins de 30 ans (9%) et les CDD (11%).
« Il y a une explosion des problématiques mentales au travail, comme le burn-out, avec des facteurs favorisants comme le fait d'être une femme ou de percevoir sa charge de travail comme importante, analyse Christian Mainguy, président de Réhalto. Les solutions existent pourtant comme la prévention des risques psychosociaux, l'accompagnement personnel du salarié. » Selon l'enquête, 69 % des salariés en arrêt long auraient souhaité être mieux accompagnés. Plus largement, un quart des salariés associent leur coupure forcée à une cause professionnelle – tension liées à l'organisation du travail, pratiques managériales…
Le médecin du travail, toujours la référence
Côté ressources humaines, les trois quarts des DRH estiment que les arrêts de travail ont un impact négatif sur l'organisation de leur entreprise (baisse de production, retards de livraison) et même sur sa performance (58 %). Malgré ce regard négatif, 6 DRH sur 10 n'ont pas idée précise du coût des arrêts sur leur entreprise.
Ces mêmes DRH plébiscitent l'expertise du médecin du travail, qui reste l'interlocuteur privilégié (72 % des répondants) pour parler des arrêts de travail, suivi de la direction générale (66 %) et des délégués du personnel (61 %). Pour 79 % des DRH, la médecine du travail a « une bonne connaissance » de l'activité et des métiers de leur entreprise.
En revanche, seuls 42 % des DRH déclarent que leur société a mis en place des actions spécifiques de prévention. 63 % ont fait une analyse ergonomique des postes de travail, 56 % ont développé des actions de prévention pour les TMS et 46 % ont établi un diagnostic des risques psychosociaux et de la qualité de vie au travail. Seule une entreprise sur cinq a mis en place un accord de télétravail alors que, selon le baromètre, cette pratique divise par deux ou par trois le taux d'absentéisme des salariés.
* Enquête réalisée par internet du 14 au 27 juin 2019 auprès de 1 505 salariés et par téléphone du 1er au 12 juillet auprès de 301 DRH d'entreprises, selon la méthode des quotas.
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