Union sacrée
Dès vendredi soir, dans un message urgent, l’Union des chirurgiens de France (UCDF) avait demandé aux soignants de la région parisienne de « cesser immédiatement le mouvement de blocage sanitaire », et de se rendre disponible dans les établissements. De nombreux praticiens grévistes ont été prévenus par SMS en ce sens. Le Syndicat national des anesthésistes réanimateurs de France (SNARF) a lancé le même appel spécifique auprès des anesthésistes.
La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a aussitôt appelé les cliniques à suspendre la grève pour répondre aux urgences. « La priorité immédiate est au secours », déclarait Lamine Gharbi, patron de la FHP.
« L’heure est à la mobilisation et à la disponibilité maximale de toutes les forces sanitaires », a également communiqué rapidement le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, relayant l’appel conjoint de « l’ensemble des syndicats » (CSMF, FMF, Le BLOC, MG France, SML) mais aussi de l’Union française pour une médecine libre (UFML) pour arrêter toutes les actions en cours.
La branche spécialiste de la CSMF (UMESPE) a évoqué des « actes de barbarie », invitant tous les médecins libéraux à se rendre disponibles dans le cadre de l’état d’urgence. Ces appels à stopper le mouvement de grève ont été relayés sur les comptes Twitter de plusieurs leaders du mouvement.
Renforts spontanés
Dans les hôpitaux parisiens, des dizaines de médecins, chirurgiens, réanimateurs, urgentistes, infirmières ou brancardiers se sont présentés « spontanément » pour apporter leur concours aux équipes déjà mobilisées, ont témoigné notamment le Pr Philippe Juvin ou le Dr Patrick Pelloux.Le président de la FHF, Frédéric Valletoux, a twitté samedi soir son admiration de la « réactivité, de l’engagement et de l’humanité » des hospitaliers parisiens. Le patron de l’AP-HP, Martin Hirsch, a adressé de son côté un message de remerciement à l’ensemble des équipes du premier CHU de France, saluant au passage « les retraités, personnels en congés ou en repos » qui ont également répondu présent.
La douleur et l’hommage de l’Ordre
Samedi, les cinq syndicats représentatifs de la médecine libérale ont réitéré leur appel à l’arrêt de toute action de grève « dans l’ensemble du pays », et affiché leur solidarité totale avec leurs collègues hospitaliers.
Les jeunes généralistes du SNJMG ont levé de leur côté le préavis de grève de cours qui concernait les remplaçants et les jeunes installés.
L’Ordre des médecins a exprimé sa « profonde douleur » avant de rendre hommage à la mobilisation exceptionnelle de tous les professionnels de santé, hospitaliers, urgentistes, internes mais aussi aux libéraux ou encore à SOS qui ont suspendu toutes les actions d’arrêt d’activité.
Le syndicat des médecins de Paris a précisé que près du tiers des 9000 médecins libéraux parisiens exercent aussi des fonctions hospitalières à temps partiel et constituent une « ressource importante qui s’est spontanément mobilisée ».
Touraine change son agenda, l’Assemblée aussi
Marisol Touraine s’était rendue dès samedi matin au chevet des victimes dans deux hôpitaux parisiens (La Pitié et Saint-Louis), François Hollande a choisi l’hôpital Saint-Antoine pour exprimer sa gratitude aux secouristes et aux soignants.La ministre de la Santé a salué le « dévouement, l’engagement et le professionnalisme extraordinaires » des équipes concernées, mais aussi la réactivité du dispositif de prise en charge des urgences sanitaires. Elle a annoncé le report de son déplacement initialement prévu ce lundi à Tours pour annoncer des mesures de lutte contre les déserts médicaux.
A l’Assemblée nationale, la nouvelle lecture du projet de loi de santé a été retirée de l’ordre du jour de lundi (en raison de la convocation ce même jour du Parlement en congrès à Versailles) mais la discussion devrait commencer mardi.
Le rassemblement des médecins grévistes qui était également prévu lundi aux Invalides n'aura pas lieu. En tout état de cause, les manifestations et rassemblements sur la voie publique à Paris ont été proscrits jusqu’à jeudi 19 novembre par la Préfecture de police.
(*) Mise à jour (15/11/2015, 20h00)
Les hôpitaux de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris ont communiqué un nouveau bilan, vendredi à 17h. Les établissements avaient pris en charge 415 personnes, soit une centaine de plus que la veille. « Ces personnes sont pour la plupart des ”personnes impliquées” - en état de choc psychologique - qui se sont présentées spontanément dans les hôpitaux », écrit l'AP-HP. 218 d'entre elles sont déjà sorties.
Sur les 80 personnes admises le 13 novembre 2015 en situation d’urgence absolue,
- 35 personnes ne relèvent pas ou plus aujourd’hui d’une surveillance intensive en service de réanimation.
- 42 personnes sont toujours en service de réanimation
- 3 personnes sont décédées
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