LA 5e AUDITION de Roselyne Bachelot devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a pris une tournure particulière. Organisé exceptionnellement en soirée devant un parterre de journalistes, l’exercice aurait pu se transformer en un tribunal d’exception. Il n’en a rien été. Prise à partie depuis plusieurs semaines sur l’organisation de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1), la ministre de la Santé a répondu point par point aux interrogations et aux controverses. Les traits tirés, elle a fait face pendant trois heures aux questions des députés de l’opposition et aux avis cléments de la majorité.
Déterminée, elle a rejeté les critiques « malveillantes et parfois contradictoires » des parlementaires de la gauche et du Nouveau Centre qui réclamaient l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. « Je pourrais m’adresser un reproche, a indiqué la ministre de la Santé dans son discours introductif : non pas d’en avoir trop fait pour protéger nos concitoyens du risque pandémique mais celui de ne pas en avoir fait assez, peut-être, pour les protéger de l’irresponsabilité de certaines personnalités publiques et de la désinformation qu’elles ont organisée ». Le ton était donné. Alors que 240 décès recensés sont imputables à la grippe A, Roselyne Bachelot a justifié le choix de la politique de vaccination globale pour faire face à la pandémie et à un hypothétique nouveau pic épidémique. La ministre a brandi le principe de précaution inscrit dans la constitution. Elle dit avoir tenu un « discours de sagesse, instruit par l’expérience » et l’avis des experts.
Roselyne Bachelot a dû plus particulièrement s’expliquer sur les raisons qui ont amené le gouvernement à commander 94 millions de doses de vaccins à l’industrie pharmaceutique puis à en revendre plus de la moitié quelques mois plus tard. La commande avait été lancée en juillet dans l’hypothèse d’une double injection. En novembre, les premiers résultats des essais cliniques plaidaient en faveur d’un schéma vaccinal à une dose. « Nous avons négocié le prix des vaccins avec rudesse », a répondu la ministre à Michèle Delaunay, députée PS de Gironde, qui s’étonnait de « prix supérieurs » à ceux payés par d’autres gouvernements européens. La ministre a justifié la résiliation des contrats pour les doses encore non livrées et donc non payées. « Les négociations sont en cours car il peut y avoir indemnisation », a-t-elle concédé sans apporter toutefois plus de précision.
Pas l’heure du bilan.
Roselyne Bachelot a par ailleurs étayé le choix de la vaccination dans des centres et non chez les médecins généralistes dans un souci de « protéger » les omnipraticiens. Alors que seulement 5 millions de Français se sont fait vacciner, « un échec » selon la députée socialiste d’Indre-et-Loire Marisol Touraine, la ministre a rappelé que la campagne nationale de vaccination serait évolutive et qu’elle se poursuivrait jusqu’en septembre. Les centres de vaccination devraient rester ouverts jusqu’au début du mois de mars. « Les cabinets médicaux commencent à prendre le relais, et cela jusqu’à l’automne », a-t-elle ajouté.
Roselyne Bachelot a indiqué que la France disposait depuis la fin décembre de la « masse critique de vaccins monodoses pour approvisionner l’ensemble des médecins libéraux qui seront volontaires pour vacciner ». Elle a dit « étudier la possibilité d’utiliser le circuit pharmaceutique habituel pour l’approvisionnement des centres ». La ministre de la Santé s’est déclarée prête à répondre à une mission d’information parlementaire sur l’organisation de la campagne de vaccination. « L’heure des bilans n’a pas encore sonné, a-t-elle toutefois lancé aux députés. C’est aux résultats, en septembre, que vous pourrez juger de notre politique de prévention. »
La ministre de la Santé est sortie sans dommage de cette audition. Elle a remercié dans un sourire les parlementaires de la majorité pour leur « soutien » et ceux de l’opposition pour leurs « questions sereines ». Ces principaux accusateurs n’étaient déjà plus là pour l’entendre.
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