Au Maroc, le décès d’une enfant de trois ans à la suite d’un retard de soins a déclenché un large mouvement d’indignation sur les réseaux sociaux et dans les rues, qui a fini par déboucher sur des promesses des autorités.
En avril, dans un village reculé du Sud marocain, une fillette de trois ans prénommée Idya fait une chute de trois mètres. Emmenée vers l’hôpital le plus proche, à Tinghir, elle est renvoyée vers celui d’Errachidia, mieux équipé, puis vers le CHU de Fès, où elle décède. Distance parcourue depuis l’accident : 470 kilomètres. Durée du périple : trois jours… Depuis des années, les retards de soins causent des décès au Maroc, surtout dans les régions montagneuses. Oui mais voilà : le royaume chérifien vit à l'heure des réseaux sociaux. Il se trouve qu’Idya avait un oncle cinéaste. Dès le lendemain du décès de la fillette, celui-ci a relaté la tragédie dans l’édition marocaine du Huffigton Post.
Solidarité sur les réseaux sociaux
« Il est scandaleux de ne pas avoir d'hôpitaux dignes de ce nom à Tinghir et ailleurs », accusait-il. « Est-il normal de parcourir des centaines de kilomètres pour se soigner ? » La réaction des internautes n’a pas tardé. En quelques heures, le hashtag #Idya avait fait florès sur Twitter, et Facebook s’est enflammé à son tour. Des manifestations ont été organisées dans plusieurs grandes villes du pays.
« Il y a eu une vraie surchauffe sur les réseaux sociaux », commente un fin connaisseur de la société civile marocaine. D’après ce vétéran des mouvements de protestation contre le gouvernement en 2011, cette indignation a eu quelque chose d’exceptionnel, loin des mouvements de fièvre qui s’emparent périodiquement du pays pour être aussitôt oubliés.
Le gouvernement réagit
Cette fois, le ministère de la Santé a pris la mesure du malaise. Face à la mobilisation, il a non seulement annoncé l’ouverture d’une enquête pour éclaircir les conditions de la mort de la fillette mais aussi promis la relance d’un plan d’investissement qui prévoit la construction ou l’agrandissement de plusieurs hôpitaux dans la région… Insuffisant pour calmer la colère des proches d’Idya. « Je n’ose même pas imaginer comment les familles pauvres et analphabètes sont traitées dans pareil cas », déclarait son père, interrogé par le site marocain Medias24 après les manifestations. L’indignation est depuis retombée… mais elle est prête à repartir dès le prochain drame.
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