À l'occasion du 125e Congrès national des sapeurs-pompiers de France, qui vient de se tenir à Bourg-en-Bresse (Ain), le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est positionné en faveur de l'instauration du 112 comme « numéro unique d'urgences ». Il s'agit d'une revendication de longue date de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) mais qui est loin de faire l'unanimité dans le corps médical.
L'Intérieur fixe le cap
En octobre 2017, Emmanuel Macron envisageait déjà devant les pompiers la création d'un numéro unique de secours sur le modèle du « 911 » américain. Un an plus tard et malgré les divergences qui existent entre professionnels de santé sur le sujet, le ministre de l'Intérieur a réitéré cette proposition. « Le président de la République a fixé l'objectif d'aboutir à un numéro d'appel unique, le 112, et c'est ce que nous allons mettre en œuvre avec le ministère de la Santé », a assuré Gérard Collomb.
Il justifie cette réforme par l'exemple de plusieurs départements, notamment l'Ain, dans lesquels une plateforme commune entre le 15 et le 18 existe déjà. « Cela doit pouvoir marcher partout en France et c'est ce vers quoi nous progresserons », a-t-il insisté.
Pas de consensus
Cette annonce tranche avec les dernières déclarations d'Agnès Buzyn, très prudente sur le sujet. La locataire de Ségur s'interdit de prendre une décision avant la remise d'un rapport commun entre l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'Inspection générale de l'administration (IGA). Mais son homologue de la place Beauvau ne s'embarrasse pas d'une telle retenue. « J'examinerai les conclusions du rapport, mais conformément à ce qu'a dit le président de la République, nous trancherons un débat toujours posé mais jamais arbitré. »
Le secteur de la santé est divisé sur la question des appels aux secours. La semaine dernière, les syndicats de médecins libéraux se sont exprimés d'une même voix pour défendre le « 116 117 », numéro de permanence des soins ambulatoires adossé à une vraie régulation libérale pour gérer les soins non programmés et les urgences de ville.
Côté médecins hospitaliers, le syndicat Action praticiens hôpital (APH) appelle de ses vœux l'instauration du 15 comme « numéro d'appel unique santé » en parallèle du 18. Une position partagée par SAMU-Urgences de France (SUDF) mais rejetée par… l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) qui préconise, à l'instar des pompiers, un « 911 » à la française pour gérer tous les secours.
Référentiels pompiers/SAMU
Outre la régulation, Gérard Collomb a dévoilé plusieurs mesures immédiates en accord avec le ministère de la Santé. Parmi elles, la généralisation des coordinateurs ambulanciers au sein du SAMU, la mobilisation des agences régionales de santé (ARS) pour réduire le temps d'attente des pompiers aux urgences, ou encore l'instauration d'organes de concertation obligatoires entre les ARS, les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) et le SAMU au niveau départemental.
Et dès la remise du rapport IGAS/IGA, il est prévu de réécrire le référentiel SDIS/SAMU qui définit le partage des missions entre pompiers et SAMU en matière de secours d'urgence aux personnes.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes