Face à des hospitalisations en hausse continue, les établissements publics et privés de Haute-Garonne ont décidé de déprogrammer 40 à 50 % de leur activité. Objectif : tenir jusqu’à l’été et le retour à une activité normale.
Au CHU de Toulouse, le coup de chaud a eu lieu pendant le week-end de pâques. En trois jours 60 patients COVID ont été hospitalisés. « Nous nous sommes retrouvés à 190 patients COVID. C’est autant que lors de la première vague il y a un an et d’après les données dont on dispose, on s’attend à une augmentation continue jusqu’à la fin du mois », résume Marc Penaud, le directeur général du CHU.
Malgré un léger tassement depuis, les chiffres sont encore très hauts. Le 9 avril, l’hôpital comptait 174 patients COVID dont 36 en réanimation, 25 en soins intensifs et continus et 113 hors soins critiques. Dans les services il a fallu s’adapter. L’établissement a basculé dans la déprogrammation massive : 50 % d’activité en moins en chirurgie et médical sur l’ensemble des sites. « Nous gardons bien sûr les activités d’urgence avec des lits sanctuarisés en neurochirurgie, pour les grands brûlés, en cardiologie et pédiatrie », décrit le Dr Béatrice Riu, responsable du service de réanimation polyvalente de l’hôpital Purpan.
« 4e vague »
La situation est identique dans les cliniques privées du département. « Nous comptons aujourd’hui 310 patients COVID dans les établissements privés MCO, SSR et psychiatrique », comptabilise Yildirai Kucukoglu, vice-président de la FHP Occitanie et directeur général de la clinique des Cèdres (Ramsay), à Cornebarrieu. « C’est un peu comme si l’on entrait dans la 4e vague alors même que la 3e n’est pas terminée, donc nous n’avons plus le choix, nous avons pris nos responsabilités et engagé depuis hier la déprogrammation massive à hauteur de 40 % dans les cliniques du département. »
Depuis mars 2020, aucun de ces établissements n’est parvenu à retrouver un niveau d’activité normal. « Avant le pic de novembre, nous avions retrouvé 90 % de notre activité, mais nous savons désormais qu’il faudra sans doute attendre l’été prochain pour entrevoir un retour à la normale », avance le Dr Riu.
Selon les médecins, la déprogrammation actuelle n’aurait cependant rien à voir avec les précédentes. « En mars 2020, nous avions consigne d'une déprogrammation nationale. Aujourd’hui en médecine, nous évaluons les pertes de chance de chaque patient », décrit le Pr Pierre Delobel, chef de service des maladies infectieuses du CHU de Toulouse. Priorité est donnée aux patients atteints de cancers et de pathologies lourdes. « Dans chaque unité, nous faisons des réunions de tableau et passons tous les dossiers en revue : seuls sont reprogrammés ceux qui n’ont pas de perte de chance, mais bien sûr cela augmente la file active », reconnaît quant à elle le Dr Riu.
Groupe Whatsapp
L’autre angle d’attaque est de réarmer des lits et de partager les ressources. Depuis novembre dernier, public et privés déclarent ainsi quotidiennement dans un groupe Whatsapp partagé, le nombre d’entrées et de lits disponibles. Cette cellule de crise coordonnée par le Pr Olivier Fourcade au CHU, permet ensuite de ventiler les transferts de patients en fonction du niveau de disponibilité de chaque centre.
Enfin tous les établissements libèrent des lits covid. À la clinique des Cèdres, un secteur de douze lits COVID et deux lits d’oxygénothérapie renforcée ouvrent dès aujourd'hui. Au CHU, onze nouveaux lits de réanimation viennent d’être ouverts et l’ouverture de quatre chambres doubles supplémentaires en réanimation est envisagée. Tout se décide au jour le jour.
Selon les chiffres publiés, ce dimanche, par Santé publique France, le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en réanimation au niveau national a continué sa progression, grimpant à 5 838. Cet indicateur, qui n'avait pas été aussi haut depuis le 18 avril 2020, devrait encore augmenter dans les jours prochains. Le pic de la première vague était de 7 000 malades en réa, les 7 et 8 avril 2020. À l’heure actuelle, la capacité des services de réanimation dans les hôpitaux français a été portée à 8 000 lits toutes pathologies confondues. Le nombre total de personnes hospitalisées avec un diagnostic Covid-19, ce dimanche, est de 30 671, pas loin des pics de la première (32 000) et de la deuxième vague épidémique de l'automne. Au total, le bilan des morts depuis le début de l'épidémie s'élève à 99 000, en très grande majorité des personnes âgées.
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