C’est (pour une fois) l’union sacrée. Dans une région - Languedoc-Roussillon - où hospitalisation publique et privée se livrent une concurrence féroce, leurs dirigeants ont décidé, le temps de la réforme territoriale, d’unir leurs forces de lobbying. Objectif : faire en sorte que Montpellier, capitale santé, tire son épingle du jeu dans le cadre de la fusion avec Midi-Pyrénées et accueille notamment le siège de la future agence régionale de santé (ARS).
Dans cette perspective, Philippe Domy (directeur général du CHRU de Montpellier), les Drs Max Ponseillé (PDG d’OC Santé, 13 établissements) et Serge Constantin (PDG de Clinipôle, 8 établissements et une société d’ambulance), ainsi que les Prs Olivier Jonquet (président de la CME du CHRU), Jacques Domergue (directeur général de l’Institut régional du cancer de Montpellier) et Jacques Bringer (doyen de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes), ont créé un « collectif pour Montpellier ». L’association entend faire valoir les intérêts de leur territoire, d’abord dans le domaine de la santé mais pas seulement.
Des préfigurateurs très roses
Les récents choix de l’exécutif ne manquent pas d’inquiéter. L’État a nommé des fonctionnaires préfigurateurs de la future région (préfecture, ARS, et rectorat), tous dans la ville rose... « L’État n’a en tête que Toulouse, du coup les choses se sont faites spontanément à la suite de ces nominations », argumente le Dr Max Ponseillé (OC Santé). « La compétence "santé" de Montpellier n’est pourtant plus à prouver, ajoute le directeur général du CHRU. Nous sommes un des premiers CHU de France et nous travaillons en parfaite intelligence avec le privé tantôt sur des zones de pleine concurrence, tantôt en complémentarité. C’est ce qui fait la dynamique de ce territoire ».
Dans la fac de médecine la plus sélective de France, l’enseignement présente la particularité unique en France d’être dispensé au sein de deux CHU (Montpellier et Nîmes) distant d’une cinquantaine de kilomètres. Cette situation fait craindre la disparition du CHU de Nîmes si l’ARS s’installe à Toulouse. « Dans la perspective de la future région, il vaut mieux réfléchir sur trois CHU plutôt que deux, plaide Philippe Domy. Nous devrons en profiter pour mieux nous coordonner, supprimer les redondances et faire en sorte que chaque CHU développe une sur-spécialité dans chaque domaine afin qu’elles soient toutes représentées au niveau de la grande région ».
Le Dr Serge Constantin (Clinipôle) apporte un autre argument : « Autour de Montpellier, nous avons la chance d’avoir un maillage de villes moyennes. Autour de Toulouse c’est le vide. On ne peut déshabiller Montpellier... ». Côté toulousain, certains reconnaissent la légitimité montpelliéraine dans le secteur médical et sanitaire. Lors d’un débat organisé à Montpellier par un journal régional, le Pr François Chollet (CHU de Toulouse), avouait : « Vous êtes devant en matière de santé, nous n’avons aucun intérêt à tout concentrer sur Toulouse ».
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