En France, depuis 2007, les autorités sanitaires recommandent aux jeunes filles de se faire vacciner contre le papillomavirus (HPV) afin de réduire le risque de cancer du col de l’utérus. Dix ans plus tard, c’est un constat d’échec en ce qui concerne la couverture, avec moins de 20 % de la population cible vaccinée en 2016. À cet égard, notre pays fait exception en Europe, puisque les taux de vaccination seraient de l’ordre de 50 % en Allemagne, de 80 % en Europe du Nord, en Espagne et en Grande-Bretagne, et de 85 % au Portugal (1).
Le discours orienté vers le seul cancer invasif du col utérin est possiblement une explication à cet échec, les opposants précisant qu’il existe déjà une prévention par le frottis cervico-utérin et le traitement des lésions préinvasives repérées. Or le champ de prévention par le vaccin est beaucoup plus large. On peut le résumer en trois points :
– Prévention des condylomes liés aux HPV 6 et 11 par le vaccin quadrivalent ;
– Prévention attendue de 80 % des cancers du col avec les vaccins actuels, mais aussi des cancers vulvovaginaux et anaux viro-induits. Il faut y ajouter de 15 à 50 % des cancers ORL ;
– Prévention des accouchements prématurés. En effet, les gestes chirurgicaux nécessaires pour prévenir le cancer du col utérin (conisation) réalisés après exploration de frottis positif sont associés à un risque majoré d’accouchements prématurés. Les données de PMSI donnent pour 2013 environ 50 000 gestes sur le col, dont plus de 30 000 conisations. Or une patiente sur trois conisée en France sera enceinte ultérieurement. En pratique, un enfant décédera des complications liées à la prématurité pour 500 conisations réalisées (2, 3).
Le vaccin anti-HPV a fait la preuve de son efficacité dans les pays où le programme de vaccination est mis en place et appliqué. La France souffre d’une campagne antivaccinale, qu’il s’agit d’écouter pour comprendre les oppositions, mais, il faut le rappeler, la balance bénéfices-risques ne peut être remise en question. Rappelons enfin que le plan Cancer publié en 2014 avait fixé comme objectif une couverture vaccinale d’au moins 60 % en 2019. Le temps est compté, et la route est longue.
Chef du service gynécologie, obstétrique, orthogénie du CHU d’Amiens
(1) Larson H. J. et al. EBioMedicine 2016 (12):295-301
(2) Chevreau J. et al. J Low Gen Tract Dis 2017 (21)2:97-101
(3) Arbyn M. et al. BMJ 2014(348)
(4) Machalek D. A. et al. J Inf Dis 2018(217)10:1590-600
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