La mort de Jack Ralite, ex-ministre communiste de la Santé qui a marqué les médecins

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Publié le 13/11/2017
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Crédit photo : AFP

Jack Ralite, ministre de la Santé (1981-1983) de François Mitterrand, est décédé ce dimanche à 89 ans, a annoncé Meriem Derkaoui, la maire d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ville dont Jack Ralite a été le maire emblématique de 1984 à 2003. L'Élysée a salué ce lundi « l'humaniste exigent » et le « militant inlassable ».

Jack Ralite fut l'un des quatre ministres communistes – il adhéra au PCF à 19 ans – du gouvernement de Pierre Mauroy de 1981 à 1984, en tant que ministre de la Santé jusqu'en mars 1983, puis en tant que ministre délégué chargé de l'Emploi. 

Si l'homme était réputé pour son charisme, son talent oratoire et son amour de la culture – il était en charge des affaires culturelles pour le PCF – son passage à Ségur, ministère technique, fut secoué de soubresauts, en ville mais surtout à l'hôpital. 

Dès 1982, la communauté médicale libérale s'agite, inquiète de l'avènement de centres de santé intégrés (CSI), une médecine publique où pourraient collaborer médecins et paramédicaux, payés à la fonction. Surtout, la menace de rigueur budgétaire rattrape le secteur (blocage des prix et des honoraires, nouvelles économies). Au printemps, « 50 000 personnes défilent dans Paris lors de la Journée nationale des professions libérales et des professions de santé », rappelle le Dr Michel Chassang dans « Qu'est-ce que la CSMF ».

En septembre 82, ce sont même « 100 000 médecins » qui défilent à Paris et répondent à l'appel de l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) et du Centre national des professionnels de santé (CNPS) qui protestent contre les projets « enterrant la médecine libérale », se souvient le Dr Patrick Carlioz dans son ouvrage fleuve et érudit « Du syndicalisme à la convention ». 

Les étudiants et hospitaliers en colère

La situation se tend surtout dans les établissements. En mars 1982, la menace de suppression du secteur privé à l'hôpital (décidé dans la « Charte de la santé » du gouvernement) pousse les hospitaliers dans la rue. Près de « 2 000 blouses blanches » foulent le pavé parisien, raconte encore le Dr Carlioz. Dans le cortège, le Pr Bernard Debré, urologue devenu député LR, mène la contestation avec d'autres PU-PH. Si Jack Ralite devra édulcorer sa réforme hospitalière, il parviendra à mettre à exécution la suppression de l'activité libérale à l'hôpital… mesure que Jacques Chirac rétablira en 1987 (première cohabitation).

La réforme des études médicales, instaurée à la fin de l'année 1982 dans la « loi Ralite » provoque la colère des étudiants. Elle instaure quatre filières médicales (générale, spécialisée, santé publique et recherche) et programme la suppression des certificats d'études spécialisées (CES), ouvrant la voie du concours de l'internat pour l'accès aux spécialités.  Au printemps 1983, carabins et internes se mobilisent massivement dans plusieurs grandes villes de France contre la réforme des études.

Des libéraux bluffés

Face à ces mouvements divers et surtout au risque de paralysie de l'hôpital, Jack Ralite devra céder son poste au socialiste Edmond Hervé. Paradoxalement, « le monde hospitalier était bien plus opposé à Jack Ralite que les médecins de ville, se souvient le Dr Claude Pigement, ex-monsieur santé du PS. Son parti politique avait le respect de la médecine libérale, moins du secteur privé hospitalier ou de l'activité libérale à l'hôpital. D'hostiles, les libéraux sont devenus bluffés par le talent et le brio de leur ministre. »

Plusieurs médecins libéraux et hospitaliers ont rendu hommage à Jack Ralite sur Twitter.  

 


Source : lequotidiendumedecin.fr