Début d’année compliqué pour les acteurs de la permanence des soins en Haute-Garonne. En grève illimitée depuis le 1er janvier, les médecins libéraux du SAMU qui assurent la régulation des appels téléphoniques de ce département n’ont pas trouvé d’accord financier avec l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie qui menace de saisir le conseil de l’Ordre pour réquisitionner des généralistes libéraux.
Dans une lettre ouverte adressée à la directrice de l’ARS le 11 janvier, les régulateurs alertent sur « l’état de santé du système de gardes médicales de nuit, de week-end de jours fériés » et pointent « des conditions de charge de travail et de rémunération qui ne permettent plus de garantir la sécurité des patients et des conditions correctes d’exercice pour le médecin. »
En Haute-Garonne, la moitié des 89 médecins régulateurs est constituée de retraités. « Sans eux, la régulation s’arrête tout de suite car les médecins en exercice ne souhaitent plus s’engager dans cette activité pour laquelle la reconnaissance financière est insuffisante », pointe le Dr François Escat, urgentiste à Muret et membre de Régul 31.
Jusqu’à 45 minutes d’attente au bout du fil
Dans cette période de pics épidémiques, il décrit un système au bord de la rupture. « L’équipe de régulation est fatiguée. Dimanche dernier, nous avons enregistré 1 000 appels, le temps moyen d’attente avant le décroché est de 7 à 8 minutes et peut atteindre 45 minutes les samedis et dimanches matin. »
Actuellement rémunérés 70 euros bruts de l’heure (jour, nuit et week-end), les médecins de Haute-Garonne dénoncent le manque d’homogénéité des honoraires, la mainmise de chaque ARS sur son territoire et demandent une hausse des rémunérations pour compenser le travail fourni. « À Montpellier, les médecins régulateurs sont payés 80 euros bruts de nuit et ils ne font que de l’orientation vers des pôles de garde tandis que nous faisons 65 % de conseil téléphonique. En Aquitaine, l’écart est encore plus flagrant avec une rémunération à 92 euros le jour et 115 euros en nuit profonde », compare l’urgentiste.
De son côté le Dr Jean-Jacques Morfoisse, directeur général adjoint de l’ARS, ancien urgentiste du centre hospitalier de Montauban aujourd’hui en charge de la négociation, assure que l’harmonisation est en cours dans toute la région et que des propositions d’augmentation d’honoraires ont été faites dès juillet dernier à tous les acteurs régionaux, dont Regul 31, mais qu’elles ont été refusées :
« Nous avons proposé 75 euros par heure en journée et 85 euros par heure la nuit, ce qui est supérieur à la rémunération des médecins régulateurs de Montpellier. Finalement, les médecins de Haute-Garonne nous ont fait une contre-proposition surréaliste à 92 euros le jour et 115 euros la nuit. »
La tutelle régionale rappelle par ailleurs que parmi le fonds d’intervention régional (FIR), 20 millions d'euros sont consacrés à la permanence des soins en 2017, dont 4,7 millions d'euros pour la régulation téléphonique. « Un montant bien supérieur à la moyenne nationale », souligne le Dr Morfoisse. Le nombre de lignes téléphoniques de garde est à prendre en compte, rappelle-t-il. « Il y a plus de lignes en Occitanie qu’en Aquitaine, mais nous n’avons évoqué d'éventuelle suppression. »
Appel aux généralistes ?
À ce jour, aucun rendez-vous n’est prévu entre les acteurs de la PDS et l’ARS, quand bien même cette dernière assure que le fil des négociations n’est pas rompu.
Les médecins, actuellement réquisitionnés sur la base d’un planning théorique fixé avant le début de la grève, préviennent qu’ils pourront facilement s’opposer aux réquisitions à partir du 29 janvier prochain. « S’il faut faire autrement, nous demanderons la liste des généralistes libéraux au Conseil de l’Ordre et je ne doute pas que l’on trouve un nombre de médecins réquisitionnables », rétorque Jean-Jacques Morfoisse. Pas sûr que cela soit de nature à apaiser le conflit.
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