La branche spécialiste de la CSMF (UMESPE) juge le climat actuel délétère pour la profession et le fait savoir, tout en préparant des solutions alternatives.
Le Dr Patrick Gasser, président du syndicat, estime que les spécialistes libéraux « se sentent trahis » par une politique de santé qui les « mène dans le mur », entre une loi santé jugée dogmatique, une convention « clivante, qui organise la chienlit et met en place une politique de revenus » et un PLFSS qui reprend d'un côté (par des économies massives) ce qu'il accorde de l'autre (revalorisations d'honoraires).
L'environnement territorial (mise en place des GHT, plateformes d'appui créant des « filières » de soins) est jugé particulièrement néfaste pour l'avenir des plateaux techniques lourds – ce qui justifie au passage d'intégrer « pleinement » dans l'UMESPE le syndicat des médecins de l'hospitalisation privée (SYMHOP) et la branche AOC de la CSMF (anesthésie obstétrique chirurgie).
« Enfumage »
Dans ce climat tendu, les spécialistes de la CSMF ont la dent très dure contre la « trahison » du BLOC, l'un des trois syndicats signataires de la nouvelle convention. « Le BLOC signe l'OPTAM-CO [option tarifaire maîtrisée pour les chirurgiens et obstétriciens], frère jumeau du contrat d'accès aux soins, pour laisser penser que la corbeille est pleine, c'est de l'enfumage, un tour de passe-passe, déclare le Dr Gasser. Par contre, on lâche les confrères du secteur II et on continue dans l'erreur politique pour se donner la sensation de vivre. » « Comment Le BLOC a-t-il pu signer la convention et trahir les spécialistes du bloc opératoire après avoir critiqué la CSMF quand elle avait signé l'avenant 8 ? », abonde le Dr Claude Mailaender, chirurgien orthopédiste, patron de la branche AOC. Le syndicat va jusqu'à suggérer que son concurrent a signé « pour toucher les dividendes de la convention » et « assurer son train de vie ».
Explorer de nouveaux champs tarifaires
Avec l'espoir d'un horizon moins sombre, l'UMESPE a défini ses attentes spécifiques pour les spécialistes AOC, en présence du Syndicat national des anesthésistes réanimateurs (SNARF). La revalorisation de la CCAM technique est érigée en priorité. « Il faut réévaluer le coût de la pratique, plutôt que des modificateurs aux effets limités, et revaloriser aussi le point travail, inchangé depuis douze ans », explique le Dr Christian Michel Arnaud, président du SNARF. Autre revendication forte : un espace de liberté tarifaire digne de ce nom permettant de « favoriser l'investissement que ce soit à travers le secteur II ou un contrat d'accès aux soins revisité ». Quant aux spécialités à risques, leur problématique assurantielle doit être « sécurisée ».
L'UMESPE invite la profession à accélérer la mutation de son exercice. Le syndicat souhaite que les équipes de spécialistes libéraux soient restructurées et multidisciplinaires, voire interprofessionnelles, avec l'inclusion de paramédicaux pour favoriser les délégations de tâches. « Il faut également responsabiliser les équipes en termes d'accessibilité temporelle, spatiale et financière à la faveur de prises en charge pertinentes », ajoute le Dr Gasser. Le spécialiste veut aussi donner de la souplesse aux carrières médicales libérales en favorisant les statuts mixtes.
La branche spécialiste de la CSMF réclame enfin un « positionnement clair » des complémentaires santé pour déterminer le champ des soins qui ne sont pas solvabilisés, comme la téléconsultation, la télé expertise ou le téléconseil. « Les médecins doivent s'emparer de ces domaines, avant que les entreprises commerciales ne le fassent complètement », plaide le Dr Gasser.
L'UMESPE fera parvenir ses propositions aux candidats à la présidentielle qui « n'ont que très peu de connaissance du milieu libéral, alors que chacun se revendique pourtant d'une idéologie pro libérale ». Le syndicat espère en particulier une loi rectificative qui puisse apporter un nouvel espace de liberté tarifaire.
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