Les médecins et personnels hospitaliers du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) se sont mis en grève ce mercredi, 11 mai, pour réclamer un « plan Marshall » pour l'hôpital et plus de personnels afin de faire face aux demandes de soins croissantes dans l'île.
A l'appel d'une intersyndicale (CFDT, CGTma, FO, CFE-CGC, Sud Solidaire et le Syndicat des praticiens hospitaliers de Mayotte), ils étaient près de 200, mercredi matin, à battre le pavé de Mamoudzou entre le CHM et la direction de l'antenne mahoraise de l’ARS Océan Indien. Les grévistes étaient plus nombreux mais beaucoup ont été réquisitionnés.
« Capacités humaines et hôtelières saturées »
« L'hôpital continue de fonctionner pour les urgences et les consultations », a expliqué à l'AFP le Dr Gérard Javodin, président du Syndicat des praticiens hospitaliers de Mayotte. Et d'ajouter que la principale revendication des grévistes porte sur l'insuffisance des effectifs, « nos capacités humaines et hôtelières sont saturées pour des raisons que tout le monde connaît aujourd'hui : l'immigration galopante ».
Selon Madi Assani, technicien de laboratoire et délégué syndical de CGTma Santé, « on est un hôpital qui a vocation à soigner les habitants de Mayotte, mais c'est carrément toute la région de l'océan Indien (Comores, Madagascar...) qui vient se faire soigner à Mayotte ». Pour Mohamed El Amine, infirmier de bloc opératoire et agent hospitalier depuis 25 ans, « l'hôpital prévu pour 300 lits accueille aujourd'hui le triple des malades. Dans une chambre prévue pour un ou deux malades, le nombre est multiplié par deux. Un lit d'hospitalisation est occupé par deux personnes, les chambres et les couloirs de l'hôpital sont remplis à cause de l'afflux des malades (...) »
Un « plan Marshall » pour l'hôpital
L'afflux de malades a entraîné une dégradation des conditions de travail du personnel. « Les gens sont à bout physiquement. Ils ont peur de commettre des erreurs médicales majeures. Ils ne veulent pas continuer de travailler dans ces conditions. Au niveau de la maternité, il y a eu 9 000 accouchements en 2015 et, depuis le 1er janvier 2016, nous en sommes déjà à 1 500 accouchements. On fait 15 à 20 césariennes par jour », alerte le Dr Javodin.
Pour faire face cette situation, les grévistes réclament un « plan Marshall » pour l'hôpital et insistent aussi sur la nécessité et l'urgence de favoriser l'attractivité du territoire afin d'inciter plus de médecins à venir travailler à Mayotte. Pour compenser le déficit d'effectifs, le CHM fait appel à des contractuels, aux conditions plus favorables, entraînant alors une dégradation des rapports avec les titulaires, affirment les grévistes.
Le 101e département français subit une forte pression migratoire venant principalement des îles voisines des Comores. En 2014, la préfecture de Mayotte avait annoncé 19 991 reconduites à la frontière.
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