LE Dr JACQUES GAILLAT rappelle que l’immunité acquise dans l’enfance ne persiste pas à l’âge adulte ; qu’elle soit acquise par l’infection comme par la vaccination, elle ne dure qu’une dizaine d’années. Si bien qu’il est possible d’avoir la coqueluche plusieurs fois dans la vie.
D’ailleurs, on enregistre une recrudescence de la coqueluche chez l’adulte avec quelque 400 000 cas par an. Toutes les tranches d’âge des adultes sains sont touchées. Une telle évolution était prévisible car si le taux de primovaccination de l’enfant est bon (98 %), de même que pour le rappel entre 16 et 18 mois (88 %), le taux de couverture tombe à 57 % entre 14 et 16 ans. Face à ce phénomène, le premier réflexe des autorités (HCSP) a été de protéger en priorité les nourrissons qui risquent les complications les plus graves : la première recommandation de 2004 demande d’effectuer un rappel vaccinal chez tous les adultes en contact avec des nourrissons en remplaçant, à l’occasion d’un rappel décennal, le dTP par le dTP-coqueluche.
Cette stratégie dite du « cocooning » s’est avérée difficile à appliquer par les médecins, si bien que seulement 2 % des parents de jeunes nourrissons sont à jour de leur vaccination coqueluche. « Un nouvel échec des vaccinations hyperciblées », commente le Dr Gaillat.
Une vaccination généralisée à l’ensemble des adultes.
Un échec qui a conduit le HCSP à simplifier les recommandations en généralisant la vaccination à l’ensemble des adultes (mars 2008).
- Un rattrapage est effectué entre 16 et 18 ans pour les jeunes qui n’ont pas eu de rappel entre 11 et 13 ans, ce qui permet de protéger les premières années de fécondité.
- Vaccination de tous les adultes non vaccinés contre la coqueluche au cours des 10 dernières années, lors du rappel dTP, avec un vccin quadrivalent dTPca.
Cette vaccination doit se faire dès 2 ans après le rappel dTP pour les adultes en contact avec un nourrisson et dès 1 mois lors de la survenue de cas groupés en collectivité (maisons de retraite, par exemple). Des recommandations qui visent tout particulièrement le personnel soignant (en particulier ceux travaillant dans les EHPAD) et les étudiants des filières médicales et paramédicales. Un rattrapage est même prévu (dès 2 ans après une vaccination dTP) pour les professionnels en contact avec des nourrissons trop jeunes pour avoir reçu 3 doses de vaccin.
En sachant qu’en cas d’urgence, l’étude de Beytout et coll. (2) a montré la bonne tolérance des vaccins Revaxis (dTP) et Repevax (dTPca) administrés à un mois d’intervalle, insiste le Dr Gaillat.
Des progrès à faire.
Différentes études montrent que la mise en uvre de cette recommandation imposera des gros changements. Ainsi, une étude effectuée en 2006 auprès des professionnels de santé de Haute-Savoie montre que si 87,7 % sont couverts par le dTP, la couverture n’est que de 35 % pour la coqueluche (76,7 % des pédiatres, 59,3 % des généralistes mais seulement 8,3 % des accoucheurs et 4,8 % des sages-femmes !). Une enquête réalisée dans les hôpitaux parisiens n’est pas plus rassurante avec un taux global de couverture de 33 %.
Quant aux mères (qui peuvent être vaccinées, même si elles allaitent), 97 % avouent ignorer les recommandations et même si 2/3 d’entre elles savent que la coqueluche fait courir des risques réels à leur bébé, 41 % seulement inciteraient leur famille à se faire vacciner.
Des généralistes motivés.
Les généralistes présents à Annecy sont pourtant motivés pour appliquer cette recommandation même si tous reconnaissent souvent « pécher par omission ». Le plus simple est de saisir toutes les bonnes occasions, tout au long de l’année : demande de rappel tétanos pour jardinage et/ou bricolage, voyage à l’étranger, certificats pour colonies de vacances ou pour pratique d’un sport, check-up, vaccination anti-grippale (à ce sujet, un généraliste rêve d’un vaccin pentavalent associant grippe et dTPca) …
Tout est bon pour sensibiliser des patients qui, bien souvent ne sont pas ou mal informés : « quand on leur parle de coqueluche, ils ouvrent grand les yeux ». Le plus ennuyeux « c’est quand ils sont allés acheter leur vaccin dTP directement en pharmacie, avant de venir se faire vacciner. Une information des pharmaciens serait très utile, déclare un autre médecin généraliste ». L’importance de l’enjeu mérite donc d’être mieux médiatisée car la coqueluche est de plus en plus fréquente chez l’adulte avec des conséquences plus ou moins sévères, avec en tout cas une toux persistant pendant 1,5 mois. Avec à la clé des coûts médicaux et indirects importants. Enfin et surtout, la vaccination des adultes protège les nourrissons qui sont contaminés par leurs parents (55 %) ou des proches : faut-il rappeler que la coqueluche est la première cause de décès par infection bactérienne communautaire chez les nourrissons de moins de deux mois ?
(1) Réunion organisée avec le soutien institutionnel de Sanofi-Pasteur MSD.
(2) Beytout J. et al. Safety of Tdap-IPV given 1 month after Td-IPV booster in heathly young adults. Human Vaccines 5 :5, 1-7 ; May 2009.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes