LE QUOTIDIEN : Pourquoi avoir choisi de vous pencher sur les problèmes de santé de ce célèbre héros de Bandes Dessinées ?
Pr CAUMES : C’est la rencontre de deux passions personnelles, la bande dessinée et le voyage. Et Tintin est au croisement des deux. Étudier Hergé est très intéressant car c’était un maître. On ne s’en rend pas compte mais c’est quand même très travaillé. Notamment en ce qui concerne les maladies, je suis un peu tombé des nues. Cette étude, c’est certes pour s’amuser mais c’est un aussi vrai travail de recherche. Au niveau méthodologique, c’est rigoureux, c’est un authentique article scientifique. C’est d’ailleurs un article qui pourrait être utilisé par les enseignants pour inciter les étudiants à faire de la recherche et leur montrer comment la recherche peut être quelque chose d’amusant.
Que nous apprennent les aventures de Tintin dans le champ de la médecine du voyage ?
L’idée de départ partait du fait que Tintin est un voyageur et qu’il a donc probablement des pathologies du voyageur. On a ainsi comparé les pathologies de Tintin en voyage et quand il ne voyage pas, c’est-à-dire quand il est en Belgique. On s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre les événements qui ont lieu en Belgique et en voyage parce que les différences sont probablement écrasées par la pathologie traumatique qui occupe le devant de la scène sans préférence quant aux destinations.
Tintin échappe-t-il finalement aux pathologies du voyage ?
Quand il voyage dans des environnements extrêmes, il est exposé à des catastrophes naturelles qui, à l’exception d’un tremblement de terre, ne surviennent pas en Belgique. Il est confronté à des événements rares et spectaculaires : avalanches, tempêtes de sable, vagues gigantesques, chaleurs extrêmes du désert… mais il n’est pas touché par les pathologies courantes du voyageur, par exemple la diarrhée, les piqûres d’insectes, les coups de soleil, le mal de mer…. En revanche, Tintin pose très bien la question très actuelle des enlèvements de journalistes - Il est enlevé 13 fois. C’était assez moderne de la part d’Hergé.
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