Le Quotidien : Où en est le recrutement de POSTEBOGUI ?
Pr Éric Delaporte : Nous avons recruté 280 patients, dont 64 enfants, traités dans les centres de Donka, à Conakry, et de Macenta, en Guinée forestière. Les enfants sont un point important puisqu’ils représentent 15 à 20 % des survivants et nous nous intéressons à l’impact d’Ebola sur leur développement et leur nutrition. Notre objectif est de 440 inclusions, calculé sur la base des 1 600 survivants guinéens recensés à ce jour.
Comment doit s’articuler leur suivi ?
Ils seront reçus tous les trois mois pour un examen médical et des prélèvements biologiques. Si les patients signalent une baisse de la perception visuelle ou auditive, ou des douleurs musculosquelettiques, ils seront invités à faire des examens complémentaires. Un suivi psychosocial est également assuré, avec un fonds d’aide pour nos patients les plus désociabilisés suite à leur pathologie.
À quelles questions scientifiques souhaitez-vous répondre ?
La première question à laquelle nous souhaitons apporter une réponse, est celle de la persistance du virus dans le sperme. Cette problématique a été encore plus mise en avant lors du nouvel épisode épidémique qui a eu lieu au Liberia. Au cours de cette épidémie, il y a eu un grand nombre de patients traités de différentes manières : avec du plasma de convalescent, du favipiravir, certains ont participé à l’essai vaccinal de l’OMS. Nous voulons savoir comment évoluent les patients en fonction du traitement dont ils ont bénéficié. Nous souhaitons aussi identifier des marqueurs pronostic de l’évolution de la maladie.
Des chercheurs américains ont commencé la cohorte PREVAIL au Liberia. Vous coordonnez-vous avec eux ?
Nous nous organisons pour colliger plus facilement nos données : les fréquences de suivi seront les mêmes, de même que les scores employés pour évaluer les troubles rhumatologiques ou ophtalmologiques.
Quelles difficultées rencontrez-vous pour mettre en place une telle cohorte dans un pays comme la guinée ?
Nous bénéficions des contacts et de l’expérience accumulés avec le VIH. Ainsi, le suivi psychosocial sera assuré par l’anthropologue Bernard Taverne, qui travaille dans mon unité TransVIHMI, et par Alice Desclaux du centre régional de recherche et de formation à la prise en charge du VIH et des maladies associées de Dakar. La Guinée dispose également de bons médecins, ophtalmologistes et ORL, souvent formés à l’étranger, bientôt renforcés par un rhumatologue et un neurologue qui doivent partir de Montpellier. Les patients sont très volontaires, réunis au sein d’associations créées lors de l’épidémie. En revanche, nous manquons d’infrastructures. C’est pourquoi nous avons lancé un appel d’offres pour la construction d’un centre au sein du CHU de Donka. Il comprendra deux lits d’hospitalisation de jour, une consultation polyvalente une consultation de psychiatrie et un bureau infirmier.
Quels sont les budgets impliqués ?
L’INSERM finance la cohorte à hauteur d’un million d’euros, via sa participation à la task force Ebola. La task force fournit également 250 000 euros pour la construction du centre. Enfin l’IRD fournit les investigateurs, et une enveloppe de 50 000 euros.
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