EN GUISE de chant du cygne, l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) d’Ile-de-France, qui va devoir dans un très proche avenir se fondre dans l’ARS (agence régionale de santé) de la région capitale, rend public un bilan de ses treize années d’existence.
Deux chapitres de ce document qui en compte quatre au total (1) retiennent particulièrement l’attention : le retour sur douze années de restructurations hospitalières où les chiffres bruts délivrés par l’agence se passent presque de commentaires ; le point sur la situation financière des établissements franciliens.
Un 5e des capacités chirurgicales à la trappe.
« Entre 1996 et 2009, le paysage hospitalier francilien s’est modifié pour faire face à une demande de soins croissante et diversifiée », écrivent les experts de l’ARH. En effet : la région qui comptait en 1996 290 établissements pratiquant la chirurgie (25 300 lits pour 820 000 interventions) n’en compte aujourd’hui plus que 187 (20 000 lits pour 960 000 interventions). Dans le même temps, les parts de marché public (34 % des interventions, soit une baisse de 1 % en douze ans)-privé (8 % pour le non lucratif – inchangé en 12 ans– et 58 % pour le commercial, soit une hausse de 1 %) et sont restées stables.
Régime sec également du côté de l’obstétrique. En 1996, l’Ile-de-France comptait 151 établissements la pratiquant (5 464 lits et 163 000 accouchements, 1 079 accouchements en moyenne par maternité) ; aujourd’hui, elle en regroupe 104 (4 700 lits, nombre moyen d’accouchement : 1 759).
À l’inverse, sur la même période, les soins de suite et de réadaptation ont explosé (capacités en hausse de 43 %). Il y avait il y a douze ans 133 établissements de SSR pour 13 300 lits en région parisienne ; aujourd’hui, il y en a 203 (19 000 lits).
Sur un autre plan, les chiffres de l’ARH montrent une activité galopante : entre 1996 et 2008, le nombre d’urgences accueillies a bondi de 23 %, les interventions chirurgicales de 17 %, les accouchements de 12 %. Entre 2000 et 2007, le nombre de séances de dialyse a explosé (+ 48 %) et le nombre de séances de chimiothérapie a augmenté de 28 %.
L’Agence note que si la recomposition hospitalière « a remodelé profondément l’hospitalisation privée sauf à Paris (...), a contrario , les restructurations opérées dans le secteur public ont été moins nombreuses et mettent beaucoup de temps à se concrétiser ».
La T2A dans la douleur.
Gros morceau du bilan de l’ARH, qui gère 200 établissements de santé dont les budgets atteignent tous ensemble 7 milliards d’euros : les finances. Sur ce point, l’agence tire le bilan d’un passage à la tarification à l’activité (T2A) qui ne s’est pas fait sans douleur. L’opération, rappelle-t-elle, « constituait un enjeu très important pour les hôpitaux d’Ile-de-France du fait de la surdotation historique de la région ». Perte de recettes évaluée au départ (en 2004) : plus de 4 % pour le seul court séjour. Dans les faits, admet l’ARH « les déficits se sont accrus jusqu’à atteindre un total annuel de 130 millions d’euros en 2007 et un montant cumulé de 360 millions d’euros ». Sauf que, surprise, les résultats s’avèrent en fin de course « en nette amélioration » : « Au terme de l’exercice, on constate que cet effet défavorable sur les ressources a été plus que compensé par une bonne dynamique de l’activité. Le nombre de séjours réalisés (hors séances) a augmenté de 1,5 % par rapport à 2007, les consultations et actes externes de plus de 5 % et au global, les recettes générées par la T2A de 1,7 % ».
Au-delà du mode de tarification, l’agence fait valoir que les résultats financiers de 2008 « montrent une inflexion très sensible de la dérive déficitaire enregistrée lors des années précédentes ». D’un trou de 130 millions d’euros en 2007, la région passe à - 81 millions en 2008 et les perspectives pour 2009 sont « encourageantes ».
(1) Les restructurations, la situation financière, le volet immobilier et systèmes d’information du plan Hôpital 2012, une étude de cas au SAMU de l’Essonne.
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