Alors qu’Emmanuel Macron devait s’exprimer ce mercredi soir à 20 heures, certains médecins et représentants de la communauté hospitalière ont pris ces derniers jours le contre-pied des interventions les plus alarmistes – voire catastrophistes – de leurs confrères, jugées très excessives.
Le week-end dernier en effet, à la faveur de tribunes distinctes, des responsables médicaux de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont affiché leurs craintes de devoir procéder au tri des patients si la situation épidémique continuait de se dégrader. Ils pointaient le risque grandissant de débordement des hôpitaux parisiens et évoquaient une médecine de catastrophe.
Une tribune qui affole ?
Excessif, voire contre-productif ? La Fédération hospitalière de France (FHF) d’Île-de-France s’est en tout cas désolidarisée de ces appels. « Nos médecins et directeurs regrettent l’expression publique choisie, dont la véhémence est de nature à inquiéter les malades et leurs familles. Nous voyons déjà les conséquences de ces propos sur les familles des patients admis à l’hôpital », a jugé la Fédération francilienne dès lundi 29 mars.
Son président, Serge Blisko, pointe une tribune « qui affole et n’est utile ni pour les patients ni pour les soignants et ne peut que nuire à la relation de confiance entre la population et les hôpitaux ». Il appelle « à continuer de soigner les gens » même si « les soignants vont mal et les équipes sont exténuées ».
Serge Blisko, président de la Fhf île de France « Il faut continuer à soigner les gens », alerte-t-il, même si « les soignants vont mal et les équipes exténuées » https://t.co/sJwQV6cGQj
— FHF Île-de-France (@FHFiledefrance) March 30, 2021
« Pas la bérézina » pour Pelloux
Autre voix discordante face aux alertes rouges des médecins de l’AP-HP, celle du Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). Dans une interview au « Figaro », l’urgentiste estime que « pour l’instant, ce n’est pas la bérézina » et rappelle que, dans le système hospitalier, et notamment au SAMU, le principe du triage existe déjà.
« On met le patient au bon endroit en fonction de ce dont il a besoin. La médecine de catastrophe n’est pas un système de triage pour dire qui va vivre et qui ne va pas vivre, c’est un système de priorisation des malades. Faire croire que l’on va sélectionner les malades et les trier, c’est totalement faux, indique le médiatique urgentiste. Par exemple, les personnes âgées grabataires, démentes, en fin de vie, on ne va pas les réanimer s’il y a un arrêt cardiaque parce que la loi ne nous y autorise pas, c’est de l’acharnement thérapeutique. »
Hétérogène
Interrogé dans « Le Parisien », le Pr Eric Maury, président de la Société de réanimation de langue français (SRLF) affirme lui aussi qu'« on n’en est pas encore au tri ». « La situation est très tendue, mais elle est hétérogène », recadre le réanimateur de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), qui craint que ces mises en garde « inquiètent le public » et ne soient pas « très judicieuses ».
De même, alors que certains médecins appelaient à fermer les écoles pour freiner l’épidémie, les représentants de la pédiatrie (société française, conseil national professionnel, groupe de pathologie infectieuse pédiatrique…) estiment que c’est « la dernière mesure à prendre, quand toutes les autres ont échoué ». Ils préconisent un dépistage massif des enfants et la vaccination des enseignants et professionnels de l’enfance.
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