Dans une étude qui vient de paraître, l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) souligne une nouvelle fois la forte polymédication cumulative (ensemble des médicaments administrés sur une période donnée) chez les personnes âgées de plus de 75 ans. En effet, 40,5 % de ces personnes cumulent dix médicaments. Et parmi celles-ci, 77 % sont aussi polymédiquées de façon continue (médicaments pris de façon prolongée et régulière).
Une telle polymédication s'explique par l'allongement de l'espérance de vie. Elle s'accompagne souvent d'une ou plusieurs maladies chroniques, et donc de traitements médicamenteux et de risques iatrogéniques, responsables de 21 % des consultations en urgence. Au « surcoût généré par la consommation de médicaments inutiles s'ajoute le coût de l’iatrogénie en termes d'hospitalisation, de consultations et de traitements », insiste l'Irdes.
Onze classes thérapeutiques de médicaments
Quel que soit l'indicateur, la prise en compte des associations de molécules au sein d'une même galénique entraîne une augmentation de 6 points de la prévalence de la polymédication (de 27 à 33 % et de 34 à 40,5 %). Par ailleurs, que la prise de plusieurs médicaments soit cumulative ou continue, on retrouve onze classes thérapeutiques de médicaments ATC de niveau 3, parmi les quinze plus fréquentes.
Il s'agit de celles utilisées dans le traitement de maladies chroniques (antithrombiniques, diurétiques, bêtabloquants, analgésiques…). Pour les autres classes de médicaments, on retrouve des antibactériens, anti-inflammatoires, laxatifs, mais aussi des psychoanaleptiques, antiarythmiques, antidiabétiques etc.
Variation selon le sexe ou le lieu d'habitat
Par ailleurs, une affiliation au régime général de la Sécurité sociale ou à la MSA (plutôt qu'au RSI), un âge dépassant 85 ans et le fait d'être une femme sont des facteurs associés qui augmentent le risque d'être polymédiqué.
Les personnes qui habitent au nord ou au centre de la France sont plus polymédiquées, et celles résidant en Haute-Savoie ou en Martinique ont un moindre risque de l'être. Le fait d'être en ALD (insuffisance respiratoire, diabète, Parkinson) augmente aussi ce risque, sauf pour la maladie d'Alzheimer. Enfin, la polymédication est aussi liée au nombre de prescripteurs, ainsi qu'à l'existence de prescriptions hospitalières et de spécialistes.
L'étude démontre donc l'intérêt de prendre en compte tous les médicaments administrés, pour éviter les interactions. « L'utilisation d'un indicateur de polymédication permettant de cibler la charge thérapeutique liée aux maladies chroniques, et un repérage des médicaments à risque pourrait constituer un système de surveillance de la consommation de médicaments chez les sujets âgés » conclut l'Irdes.
En mai dernier, les entreprises du médicament (LEEM) avaient lancé une campagne de sensibilisation du grand public et des professionnels de santé pour réduire les risques d'iatrogénies médicamenteuses.
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