Une nouvelle modélisation, réalisée à partir de données collectées dans la ville de Guangzhou en Chine et publiée dans « The Lancet Infectious Diseases », semble confirmer la contagiosité présymptomatique des patients atteints de Covid-19 et le rôle d’un lieu de vie commun dans la transmission.
« Nos analyses suggèrent que l'infectiosité des personnes atteintes de Covid-19 avant qu'elles ne présentent des symptômes est élevée et pourrait considérablement augmenter la difficulté de juguler la pandémie en cours », commente le Dr Yang Yang de l'Université de Floride, qui a codirigé l’étude. « La recherche active des cas et l'isolement, conjointement avec la recherche et la mise en quarantaine des contacts, seront essentiels pour empêcher les contacts infectés de propager le virus pendant leurs périodes d'incubation, ce qui sera crucial pour alléger les mesures de confinement. »
Un scénario sans isolement des cas
Pour leur travail, les chercheurs se sont appuyés sur les données de 195 groupes de contacts étroits (215 cas primaires, 134 cas secondaires ou tertiaires et 1 964 contacts étroits non infectés), collectées entre le 7 janvier et le 18 février.
Ils ont supposé une période d'incubation moyenne de 5 jours et une période infectieuse maximale de 13 jours. Leur modèle de transmission simule une situation sans isolement des cas, prenant en compte l'exposition individuelle, l'exposition potentielle à des sources d'infection non détectées et les infections asymptomatiques.
Ils ont ainsi estimé le taux d'attaque secondaire (la probabilité qu'une personne infectée transmette la maladie à un individu sensible), selon divers niveaux de contact. Leur premier constat porte sur la temporalité des symptômes : « La durée entre l’apparition des symptômes et l’admission à l’hôpital avec confirmation de l’infection en laboratoire était plus longue parmi les cas primaires que parmi les cas secondaires et plus longue en janvier qu’en février », observent les auteurs.
Il ressort également que le taux d’attaque secondaire s’établissait à 2,4 % parmi les contacts non familiaux, contre 17,2 % chez les contacts familiaux vivant sous le même toit et 12,4 % chez les membres d’une même famille (sans adresse commune).
Une sensibilité plus forte avec l’âge
Le modèle suggère également que la probabilité d'infection domestique est plus élevée chez les personnes âgées de 60 ans ou plus (taux d'attaque de 28 % chez ceux vivant ensemble), et plus faible chez les moins de 20 ans (taux d'attaque de 6,4 %).
« Cette étude démontre la valeur des données de recherche des contacts soigneusement collectées pour comprendre les facteurs de risque de transmission et de sensibilité. Les résultats confirment l'importance relative de la transmission présymptomatique et la relation entre l'âge avancé et la sensibilité, des informations clés qui devraient éclairer l’élaboration des stratégies d'intervention », souligne la Dr Virginia Pitzer (qui n'était pas impliquée dans l'étude) de la Yale School of Public Health, dans un commentaire de l’article.
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