DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
UN ANNIVERSAIRE de ce genre est toujours l’occasion d’un déluge de chiffres qui peut paraître fastidieux mais qui rappelle l’importance d’un engagement : plus de 150 millions de dollars versés en dix ans, plus de 240 projets soutenus dans 20 pays d’Afrique, 6 (et bientôt 8) centres d’excellence pour le sida pédiatrique créés, 250 médecins envoyés en cinq ans, 90 programmes de recherche appliquée aux réalités africaines financés.
Arrêtons-nous un peu sur cette recherche clinique, à travers l’énorme contribution des spécialistes de l’université de Witwaterstrand, à Johannesbourg, dans un pays qui n’est sûrement pas le plus pauvre d’Afrique mais qui s’est tristement illustré par un déni incompréhensible (aujourd’hui heureusement révolu) de l’importance de la maladie. Grâce à des aides privées, ces spécialistes ont élaboré des tests pour étudier la transmission mère-enfant (ag p 24 ultrasensible), la mutation K103N dans la résistance à la névirapine, les CD4 à partir de l’ensemble des leucocytes…. L’objectif est, bien sûr, de réduire les coûts : ainsi, cette dernière technique, validée par l’OMS, est trois fois moins chère que les comptages de CD4 pratiqués dans nos laboratoires. Cet art et cette obstination à gérer la pénurie sont remarquables, car ils ne mettent pas de côté la recherche de la meilleure qualité scientifiquement possible pour sauver le plus grand nombre.
Oui, derrière les chiffres il y a des hommes et des femmes qui se battent, dans des centres de recherche mais aussi sur le terrain, comme cette frêle jeune femme, le Dr M.-C. Harklen, qui anime un Centre d’excellence pour le sida pédiatrique, dans le reculé et montagneux Lesotho.
Les grands-mères du GAPA.
Mais tous ces visages, souvent admirables, sont éclipsés par ceux des grands-mères du township de Khayelitsha (Captown), qui ont perdu un ou plusieurs enfants et qui ont décidé de se regrouper pour élever leurs petits-enfants devenus orphelins, toujours à cause du sida. Accueil chaleureux, joyeux même, dans un complexe qui n’est pas luxueux mais qui est fonctionnel et qui apparaît presque comme un îlot de modernité dans un township qui se rénove lentement.
Les femmes qui chantent et dansent devant nous se battent au quotidien contre la malédiction du sida. Sur tous les plans, de l’éducation des enfants à des travaux d’artisanat, avec un souci de s’autofinancer. Incontestablement, le regroupement permet des formations diverses mais apporte aussi un soutien psychologique indispensable : car parmi ces femmes qui chantent et dansent, on découvre vite plusieurs visages qui de temps à autre, se figent, les yeux ailleurs…. Pendant que des enfants se chamaillent joyeusement dans la cour.
Émotion forte, malaise. D’autant que l’on se dit que ce centre n’est qu’une goutte d’eau dans une mer bien sombre. Que les aides privées, pour indispensables qu’elles soient, ne suffiront jamais pour faire disparaître ces visages perdus. Et puis, une grand-mère hilare vous interpelle gravement, vous rappelant que, pour elle, les 10 ans de Secure The Future, c’est une fête, une espérance. Qui oserait lui gâcher sa fête ?
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